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Hugues de Payns comte de Ramerupt

545px-blason-ramerupt-svg.png blason de la commune de Ramerupt, aube, france : parti : au 1) d’or au lion d’azur, au 2) d’argent au lion de gueules, la queue fourchée, armé, lampassé et couronné d’or.

montdidier-dammartin-ramerupt.pdf généalogies montdidier-dammartin-ramerupt.pdf     roucy.pdf roucy.pdf   source : racines et histoires

 

La maison de Montdidier régna sur les comté de Montdidier, Ramerupt et Roucy.

Le plus ancien membre connu est Hildouin, mort avant 956 et qualifié de comte de Montdidier. Il épousa Hersende, dame de Ramerupt et d'Arcis sur Aude, dont il eut deux fils : Manasses évêque de Troyes et Hildouin II seigneur de Ramerupt, qui fit le pélerinage de Jérusalem en 992. Ce dernier laissa à son tour deux fils : Hildouin III seigneur de Ramerupt et Manasses Calvus qui donna la branche de la maison de Dammartin. Hildouin III fonda l'abbaye d'Epernay et mourut après 1031 en laissant quatre fils dont : Hildoin IV qui donna la branche de Roucy par son mariage avec Alix de Roucy et son fils Ebles II, comte de Roucy et la branche de Ramerupt par son fils André, comte de Ramerupt.

André, comte de Ramerupt (1040-1118), a eu trois fils : Ebles évèque de Chalons sur Marne, Hugues de Roucy seigneur d'Espagne surnommé "Brito" qualifié aussi de Ramerupt et Olivier d'Espagne. André est présent sur une charte du comte de Champagne avant 1100 et est présent au concile de Troyes en 1104. Il prend part à la guerre contre Thomas de Marle et vers la même année, il rencontre à Molesme Hugues, comte de Champagne, en présence de son fils Hugues "Brito" et c'est en 1118 que nous le voyons apparaître pour la dernière fois lors d'une donation à l'abbaye de Toussaint en l'Isle et comme témoin d'une charte de Hugues de Champagne.

Comme nous le verrons ci-dessous, le frère de André de Ramerupt, Ebles II de Roucy sera évêque de Chalons et le fils de André, Hugues "brito", sera nommé Hugues de Chalons dans les chartes espagnoles.

André de Ramerupt avait pour domaine : Vinet, Brandonvilliers et Nogent-sur-Aube, il est comte de Roucy, seigneur de Montdidier. Ses vassaux sont : Odard de Neuville, Guiter de Granville, Ridon de Corbeil, Herbert d'Herbisse, Bardin de Coclois, Audry de Torcy, Garnier d'Arcis, Etienne de Vaupoisson, Adam de Trouan, Bovon de Magnicourt.

A la mort de André de Ramerupt, la seigneurie perdit le titre de Comté et fût réunie à celui de Brienne par le comte Gautier II, fils de Alix de Roucy, fille de André de Ramerupt.

Hugues de Payens

La plus ancienne évocation du village de Payns est recensée au IXème siècle. Les archives du département de l'Aube contiennent quelques documents carolingiens, notamment un cartulaire provenant de l'abbaye Saint-Pierre de Montiéramey, fondée vers 887 par un prêtre du nom d'Arremar, au milieu de la vaste forêt du Der. Il y est mentionné la vente, en avril 820, par Hildemar à Arremar de biens situés "in villa Pedennagio". Arthur Giry l'a identifié comme étant Payns. A.Giry, études dédiées à G.Monod.1896. Le document, tel qu’il nous a été transmis par A. Duchesne, ne soulève pas d’objection, Arremar avait, dès 820, acquis des biens d’un certain Hilduin : « ego Heldemarus constat tibi vendidisse et ita venditi Adremaro rescellas meas in pago Tricassino, in villa Pedennagio, hoc est mansello meo, et infra istas terminaciones ad integnum similiter holcas africarius, campos et terras culturales » études carolingiennes V. documents carolingiens de l’abbaye de Montieramey. « pertinet autem pratum illud de camera comitis de potestate Pedenniaco » traduction : maintenant il appartient à l’autorité du comte du pont de Payns.

L'itinéraire d'Antonin, "Itinerarium Antonini Augusti", datant de la fin du IIIème siècle, évoque Payns en raison de la possibilité de passer la seine à gué à cet endroit. En témoigne également, la table de Peutinger, elle-même copie d'une carte romaine datant du XIIIème siècle, sur laquelle figurent les 53 voies qui desservaient l'Empire romain. source: wikipédia.

Adérald de Samblières (950-1004), naquit vers le milieu du Xème siècle. Il devint chanoine puis archidiacre de Troyes. Parti en pélerinage en Terre Sainte, il en rapporta un fragment du Saint-Sépulcre qu'il déposa dans le prieuré qu'il fonda alors à Samblières et qu'on appela désormais Saint-Sépulcre. Le village de Samblières est cité en 1155 lors d'une donation faite par Henri le Libéral au prieuré du Saint-Sépulcre du village. Le fief relevait de celui de Chappes. Certains seigneurs portaient le nom de Saint-Sépulcre comme Beuve en 1114, Zacharie mort après 1130 et sa fille Elizabeth. Samblières était le siège d'un grenier à sel dépendant de l'intendance et de la généralité de Châlons. Au 17ème siècle, Saint-Sépulcre fut rebaptisé Villacerf.

En partant de Samblières, de l'autre côté de la Seine se trouve le village de Payns, séparé par un passage à gué, et dépendant sans doute, lui aussi, de Châlons-sur-Marne.

L'origine du village de Payns doit donc certainement beaucoup à la présence de ce gué qui permettait à la voie Riot, l'une des principales voies romaines de la région, de franchir la Seine au nord-ouest de Troyes. Il est fort probable que les premières maisons se soient alignées le long de cette voie et autour de ce gué dont le franchissement ne devait pas manquer de susciter un droit de passage ou péage, qui se dit pedagio en latin, terme très proche de Pedennagio. Le cartulaire de Molesme conservait les termes de Pedano, Pedans, Pedannis, Pedannus.

L'orthographe n'étant pas stabilisé, on peut relever une grande variabilité de graphies (plus de cinquante) du nom du domaine de Payns dans 65 manuscrits des XIIème et XIIIème siècles parmi lesquelles on note la récurrence de la racine "ped". "Hues de Paiens delez Troies" nous dit l'Eraclès, traduction française de Guillaume de Tyr. Celui que les textes donnent pour le premier maître de l'Ordre est sans aucun doute champenois. Les différences de graphies n'indiquent pas une différence de lieu ; on a pu relever dans les documents champenois vingt-sept graphies différentes pour Payns, dont vingt-deux pour les seuls XIIème et XIIIème siècles : "Peanz", "Painz", "Pahans", "Pedanes", "Pagano", "Paiens"; "Payns" n'apparaît qu'au XVIIème siècle. La base "Hugo de Paganis" émanant de chroniques et de copies de documents du XVIIIème siècle, la prudence est donc de mise concernant cet usage. Source : wikipédia.

"Hues de Paiens delez Troies" nous dit l'Eraclès, traduction française de Guillaume de Tyr. Celui que les textes donnent pour le premier maître de l'Ordre est sans aucun doute champenois. Or en Champagne il existe de nombreux péage dont notamment celui de Ramerupt que l’on trouve sous la forme (pedagio de Rameru) dans le cartulaire de Molesme en 1154. André du Chesne. Histoire généalogique de la maison royale de Dreux et de quelques autres.

Comme nous le montre la charte ci-dessous, ce sont les scribes qui inscrivent les noms des témoins sur les documents et non les témoins eux-mêmes. Voilà pourquoi un même nom peut être orthographié de différentes manières.

Mention de hugues de payns dans une charte du comte de champagne avant 1100 img 1 mention de Hugues de Payns ( hugo de paenciis)dans une charte du comte de Champagne[avant 1100] Les Archives de l'Aube . archives-aube.fr

Hugues y est inscrit sous le nom de Hugo de paenciis. SI on en croit le site www.templiers-chevaliers.com/hugues_de_payns.html la légende officielle est apparue pour la première fois en 1804 et sera retenue pour sa biographie. On le nomme alors Hugues de Payns. 

Un fait à prendre en considération, qui pourrait avoir eu une incidence sur la complexité à déterminer l'origine du surnom "de Payens", il se trouve qu'au IXème et au Xème siècle, on n'attribuait le terme de "dominus" qu'au roi, aux évêques et aux amis du roi, les comtes, ces hommes ne partageant leur titre qu'avec Dieu. Or, passé l'an mil, leur pouvoir est morcelé, il est passé par des mains beaucoup plus nombreuses. Des tours sont construites avec à leur tête des châtelains qui prennent le plus souvent le titre de "dominus" devenu en langue vulgaire "sire". Sous lui agit une "mesnie" formée de deux éléments : la voletaille qui s'occupe des chevaux et du harnois militaire ; et les guerriers du château qui étaient des cavaliers. Ces hommes recevaient le renfort temporaire d'autres cavaliers, eux aussi liés à la forteresse, mais résidant chez eux, le plus souvent au sein même de la châtellenie. Ils sont désignés par le terme "miles" (guerriers), que les scribes accolèrent à leur nom propre et leur surnom n'est pas un sobriquet mais le nom du terroir où s'élèvent leurs demeures. Les nouveaux « maîtres » s’entourent ainsi d’une cohorte de serviteurs armés et de vassaux qu’ils « chasent » (caser en vieux français) en leur donnant des terres, si le fief est constitué non d'une terre, mais des revenus de cette terre. Le maître reste propriétaire de la terre ou de la rente qu'il concède ; par contre il aliène, pour un temps, les revenus liés à ce bien.

Dans les environs de Cluny, les guerriers parés d'un titre individuel, ceints du baudrier de la milice, insigne de leur fonction, étaient les rejetons des larges groupes de parenté où les rois carolingiens recrutaient jadis les évêques et les comtes. Par l’instauration d’une milice, le comte de Champagne a ainsi donné un caractère militaire à sa commune, dans le sens du terme au Moyen Âge, c'est-à-dire de ville qui avait acquis, par charte de franchise une certaine autonomie vis-à-vis de son suzerain. La milice communale du pays était donc formée de guerriers établis par le châtelain sur des terres environnant la tour de la forteresse à laquelle ils étaient rattachés. Sa fonction principale était d’assurer la sécurité intérieure (fonction de police) et extérieure de la ville ; elle participait également à la levée de l’ost. Pagani ou Paganus désigne une police montée civile. Miles, en latin soldats, est donc un homme de guerre membre d'une milice. "Hues de paenz de lez troies" serait donc : "Hugues membre de la milice de Troyes". De même, "Nivardus cognomine Paganus de Mondisderio milites templo domini devotus" que l'on trouve dans les textes de l'Ordre du temple, se traduirait par "Nivard, communément appelé milicien de Montdidier dévoué à la milice du Temple du Seigneur".

Les premières mentions du nom sont « paenciis » 1100, Hugo de Peanz 1100, Hugo de Pedano 1100, Hugo de Pedans 1102, « Hugo de Pahans et Hisabeth uxoris eius » 1108, Hugo dominus de Paenz 1113, Ugo de Pazence 1119, Hugo de Peans 1123. Ce ne sera que bien plus tard que les copistes traduiront son patronyme, par glissement sémantique, en Paganis ou Paganus qui correspondait pour le premier au français "Païen" et pour le second au prénom "Payen" porté à l'époque pour désigner le milicien d'une tour. On trouvera dès lors : (Houg de Payn) par Michel le syrien, achevée en 1196, Hugo de Paganis (guillaume de Tyr) en 1167 traduit en 1220 par l'anonyme français : Hues de Paiens delez troies".

Rien dans les textes ne relie concrètement Hugues de Payns au village du même nom, sa position de seigneur du péage de Payns ne justifie pas sa présence aux côté du comte de Champagne et des hauts dignitaires du comté. Par contre, si Hugues de Payns était bien seigneur de la milice (hugo dominus de paenz), donc à la tête d’une troupe de soldats, sa présence aux côtés du comte est justifiée et particulièrement lors de ses voyages en terre sainte. On retrouvera cette notion de protection dans la fonction première de l’ordre du Temple qu’il fondera en 1120.

Hugues de Ramerupt

En 1082, une donation à l'Eglise de Sainte Marie de Ramerupt est signée de Hugone et Olivero. Il s'agit des deux fils de André de Ramerupt comme nous l'indique cet acte sur lequel on peut lire : "Hugonem comitem de Hyspania et Oliverum et filias Andreas comes de Rameru". 

En 1093, Hugues de Troyes devient comte de Champagne.

Une charte datant de 1100 émanant de Hugues comte de Troyes au bénéfice du chapitre de Saint-Loup de Troyes (sanctus Lupus du Mesnil) portent les noms des chevaliers de l'entourage comtal : Milon comte de Bar-sur-Seine, Ponce de Pont-sur-Seine, Hugues de Payns (Hugo de Paenciis), Dudon de Mareuil, Berengard de Romilly. Lalore, cart. I

Hugues de payns (Hugo de paenciis) figure à la troisième place, juste après le vicomte de Dudon de Mareuil, gardien de la forteresse éponyme dressée sur le route de Troyes à Reims. Dudon est l’un des principaux représentant de Hugues de Champagne dans le nord de son domaine. Hugues de Payns occupe donc, lui aussi, une place importante dans l’entourage du comte. Il est également familier à Dudon de Mareuil dont le fils Jean a épousé sa sœur, fille de André de Ramerupt. On y trouve ainsi les signatures de Milo comes Barri (Bar-sur-Seine), Pontius de Ponto (Pont-sur-seine), Hugo de Paenciis, Dudo de Mareiolo (Mareuil-sur-Ay), Berengarus de Romeiolo (Romilly-sur-Seine), Gosbertus de Villa Mortis (Villemaure-sur-Vanne). Ces personnages importants de la cour du comte de Troyes possèdent les territoires situés aux limites du comté de Troyes du début du XIIème siècles. Ils couvrent ainsi le sud (Bar-sur-Seine), l’ouest (Villemaur, Romilly, Pont-sur-Seine) et le nord (Mareuil-sur-Ay). Seul l’est du territoire ne semble pas couvert, or il faut prendre en compte Hugo de Paenciis qui par son origine familiale représente les comtés de Ramerupt et de Châlons-sur-Marne, fermant ainsi les frontières est du comté de Champagne.

Une charte pancarte relate un acte du 21 Octobre 1100 passée sous les voutes de la grande salle du château de Troyes. Hugues de Champagne et sa femme Constance donnent à l'abbaye de Montiéramey ce qu'ils possèdent à haute Rive sur le territoire de Briel. Dans cet acte, on trouve Hugues de Payns (Hugo de Peanz) à la 11° position. Dans l'ordre, se trouvaient : Milon de Bar; Rainaldus comes Juviniais (Renard de Joigny); Andreas comes Rameruci; Widone de Wannorisrivo (Gui de Vignory); Hilduinus de Villamauri (Hilduin de Villemaure); Dudo de Marolio (Dudon de Mareuil); Gosbertus de Castellione (Josbert le roux de Chatillon);Girardus de Roseiro (Girard de Rozoy); Rainerus de Rammeruco (vicomte Rainier de Ramerupt); Adam de eodem castro (Adam du même château); Hugo de Peanz; Ingelmerus prepositus trecorum; Robertus de Insulis; Fridericus de Rumiliaco, Herveis Villicus... Sur cet acte se trouvent également : "...et de servis Sancti Petri (servant de l'abbaye de Saint Pierre); Fromoldus Villieus; Petrus; Rogerus; Balduinus. Item de nobilibus; Gaufredus filius Otranni (Geoffroy de Troyes), dapifer; ejusque filius Otrannus; Joannus de Vitriaco (Joron de Vitry); Bovo filius Baldrici (Beuve,fils de Baudry);...Hilduino preposito de Vendopene (Vendeuvre); Humberto Villico.. Lalore, cart. VII

André de Ramerupt est présent avec son sénéchal Hugues, l'écuyer Roger, le vicomte Rainier de Ramerupt, Burdin le précepteur du jeune Hugues, les cuisiniers Thibaud et Garnier, le chambrier Hubert, le cellerier Thibaud ainsi que les sergents Rainaud et Francon. Le dénomé Adam, qui suit Rainier dans la liste des témoins, est lui aussi officier de André de Ramerupt puisqu'il est cité comme étant du même château. Au milieu de cette énumération de la suite du comte de Ramerupt, se trouve le nom de Hugues de Payns qui semble, de ce fait, lui aussi appartenir au même château, celui de Ramerupt.

En 1101, le 21 avril à Molesme, Hugues comte de Troyes, fils du comte Thibaud, de concert avec sa femme constance, fille du roi Philippe, donne à Molesme la moitié de la potestas et du bois de Rumilly-les-Vaudes avec les coutumes et l'autre moitié après sa mort. La comtesse y ajoute quatre boeufs avec de la terre et des prés. En retour, les moines leur accordent le bienfait de la confraternité. source: copie du cartulaire de Molesme XII°siècle. Arch.dép.Côte d'Or 7H6 cart 142 fol.15                                                                                                                              Parmi les témoins: Hugo comes Risnelly, Pontius de Ponto, Gaufredus filius Otranni, Otrannus filius ejus, Achardus nepos, Achardi filius, Herbertus filius Dodonis, Walterus de Corte Airardi et Ysoardus de Plaiotro, Bartholomeus de Barro, Odoardus, Wandelbertus, Flodoveus, Albertus, Milo et Mainardus capellani comitis, Milo vicomes, Hugo comes de Rameruio, Hugo senescalcus ducio.

En 1102, une donation à l'abbaye de Molesme de Hugues de Champagne (Hugo de Campanie comes) est signée par Manasses et Hugo Brito filius Andreas comitis

En 1102, une charte de Hugues de Champagne au profit de Sainte-Vaubourg et des moines de Molesmes est signée par Achardus nepos, Rainaudi archiepiscopi, Hugo brito filius Andree comitis Rameruci, Arnaudus, Paganus, Gaufridus frater castellani, Haymo castellanus, Theobaldus major, Bonardus prepositus, Wicelinus, Wido frater ejus, Robertus, Johannes decanus.

En 1102, Hugues de Champagne est victime d'une tentative de meurtre à Dontrieu.Cet attentat desserera les liens entre Hugues et sa femme constance. Constance, signe une donation sur laquelle figure le nom de Hugo de Pedans (Hugues de Payns). Le scribe de cet acte a sans doute tenté de retranscrire le titre "du péage" Pedagio en latin  et l'aura traduit en Pédans.Cartulaire de Molesme, n°254, p.237

« Hugo de Pedano » avait déjà été aperçue sur une charte de 1100 concernant une donation de Guy Chardon à l’abbaye de Molesme (http://huesdepaenzdeleztroies.e-monsite.com/pages/signification-de-payen/). Il y été accompagné de Hugues de Montigny (Hugues de Ménétreux, frère de Bernard de Montbard), de Eudes de Rougemont et Gibuin de Bucé ; et été qualifié de seigneur de Montigny. D’après Thierry Leroy, Hugues de Payns aurait épousé l’héritière de Montigny, or en 1100, le seigneur de Montigny-Montfort est Hugues de Ménétreux qui changea son nom en Hugues de Montigny avant de se faire moine à Molesme. Sa femme Emeline sera présente pour la dernière fois à ses côtés sur une donation de 1100. Il est peu probable qu’à cette date, Hugues de Payns épouse Emeline, comme nous l’affirme plusieurs généalogistes. Emeline aurait au moins 53 ans en 1100. En revanche, une nièce de Hugues de Montigny, Mahaut, fille de Bernard I de Montbard pourrait être une candidate : elle épouse en 1078, à l’âge de 16 ans Gaucher I, sire de Nolay-en-Nivernais qui meurt aux croisades vers 1096. A cette date, Hugues de Payns est en âge d’être marié, puisque né vers 1070. S’il eut un fils, il sera né au plus tard en 1099, date du décès de Mahaut de Montbard. Par ce mariage, Hugues de Payns devenait ainsi le neveu par alliance de Hugues de Montigny, mais également le beau-frère de André de Montbard qui se fera templier et deviendra grand maître de l’Ordre. Autre fait tout aussi important, sinon plus, Hugues de Payns deviendrait par cette union l’oncle de Bernard de Clairvaux, qui favorisera la naissance de l’ordre du Temple.

 Jacques Laurent, dans son ouvrage, précise également la mention suivante : « jusqu'à sa profession, Hugues de Montigny vivait en compagnie d'Hugues de Payens, sire de Montigny, qu'une étroite parenté reliait à l'illustre fondateur de l'ordre du temple. Il tenait de près à Guy et à Payen de Montigny, deux des fondateurs de l'abbaye. ».

Par ailleurs et nous verrons les détails plus loin, Hugues « brito » signera une charte en 1123, accompagné de son fils André dont la majorité est à cette époque de 25 ans, ce qui le ferait naître aux alentours de 1098-99.

Pour renforcer cette hypothèse, il est à noter un fait, celui-ci, avéré, Humberge de Roucy, sœur de Hugues « brito » épousera, quelques années plus tard, Bernard II de Montbard, cousin de Saint Bernard de Clairvaux.

On peut ainsi suivre le parcours d’Hugues de Payns entre les années 1098 et 1103. Né aux alentours de 1070, il atteint sa majorité (25 ans) aux alentours de 1095. Il épouse alors, vraisemblablement une fille de la famille Montbard lorsqu’en 1099, Odonis Pagani, Eudes-Payen de Montigny, disparaît des chartes concernant les territoires aux alentours de Montigny. Hugues de Payns (de Pedans) fait une brève apparition en 1100 avec le titre Montiniaci dominus. Sa femme étant décédée, il quitte la seigneurie de Montigny, la laissant à Guy (Wido Cardo de Montiniaco) frère de Eudes-Payens qui devient seigneur de Montigny-Montfort. Il rejoint sa terre natale où il signe une charte en 1101 sous le nom de Hues comes de rameruio. Sa mère étant Ade, vidame de Châlons, il parcours ses terres et signe en 1102, sous le nom Hugo de Pedans, un acte de Constance, comtesse de Troyes, à Attigny situé à 60kms au nord de Châlons. Il signera également deux autres chartes en compagnie de son père André de Ramerupt, sous le simple nom de Hugo brito. En 1103, afin de réitérer les liens entre les maisons de Ramerupt et de Montbard, André de Ramerupt marie sa fille Humberge de Roucy à Bernard II de Montbard.

En 1104, remis de ses blessures, Hugues de Champagne est présent au chapitre de Troyes le 2 Avril où il donne en action de grâce à l'abbaye de Saint Loup de Troyes l'immunité pour ses maisons. cart. de saint loup B.M.Troyes ms 2755 fol 38v. Parmi les témoins se trouvent: Otrannus filius dapiferi et Bovo cognatus ejus filius Hemiline et Pontius de Mariaco et Andreas de Baldimento, comes Andreas de Rameruco. (Andreas Ramereu comes dator et conceffor eccletiae de cafamerto fuo, quod alii, hugo cognomine Brito filius ejus)

En 1104, la cour réunit, dans l'église de Molesme, quatre grands fondataires du royaume et la suite de leurs barons respectifs. Hugues, comte de Champagne, venant du concile de Troyes, retrouva à Molesme Hugues II Borel, duc de Bourgogne; Guillaume II, comte de Nevers, d'Auxerre et de Tonnerre; Miles II, comte de Bar-sur-Seine; Erard I, son frère, comte de Brienne, tout juste rentré de croisade; Hugues, comte de reynel; Geoffroy II, sire de Chaumont en Bassigny; Roger, sire de Joinville; Ponce, sire de Trainel. " Je vins, relate le comte de Champagne, avec ces hommes illustres, pour traiter de mes affaires et des leurs; là entouré de ces moines. Robert, premier abbé de ce lieu, nous reçu avec honneur. Après l'oraison, je montai au maître-autel, en présence du dit Duc, des quatre comtes et des barons; je retirais du doigt mon anneau et déposais sur l'autel le don de toute la seigneurie de Rumilly. J'en fis tradition à l'église de Molesme afin la posséda à jamais. Ce que voyant, les dits comte de Nevers, de Bar, de Brienne et de Reynel et les barons, incités par mon exemple et invités par mes prières, chacun d'eux et le duc avec eux, accordèrent une fois pour toutes à l'église susnommée, tout ce que les moines de cette église acquéreraient de leurs fiefs. On voyait encore dans cette assemblée, Adèle d'Angleterre, veuve de Etienne-Henri et son jeune fils Thibaud IV comte de Blois; André de Ramerupt et Hugues le Breton son fils (Andreas de Rameruco,Hugo cognomine Britto filius ejus); et le sénéchal Geoffroy fils de Otrand; Josbert le roux de Chatillon; et Gautier sénéchal de Bourgogne accompagnaient le Duc. Dans la compagnie du comte de Nevers figuraient Gautier vicomte de Clamecy; Hugues sire de Thil en Auxois sénéchal de Nevers; Miles de Courtenay; le sire de Seignelay; Guillaume de Montenoison; Hue de Maligny.

On peut, bien évidement, s'étonner de l'absence de Hugues de Payns à cette assemblée qui regroupe tous les grands seigneurs de l'entourage du comte Hugues de Champagne. D'autant plus, lorsque l'on sait qu'il était présent à ses côtés en 1100 et aux côtés de Constance en 1102 et qu'en cette même année de 1104, il accompagnera le comte Hugues de Champagne dans son pélerinage en terre sainte. L'explication la plus plausible est que Hugues de Payns est Hugues d'Epagne dit Brito, fils de André de Ramerupt, qui lui est présent sur chaque charte. http://huesdepaenzdeleztroies.e-monsite.com/pages/signification-de-payen/  Pour preuve, on ne trouve pas les deux Hugues (brito et Payens) sur une même charte. Dans son ouvrage « Noblesse et chevalerie du comté de Flandre, d’Artois et de Picardie, 1843 » Paul Roger affirme page 76 que Hugues de Payens, fondateur et premier maître de l’Ordre du temple est né à Montdidier en Santerre. À cette époque Hildouin IV était comte de Montdidier et de Roucy ainsi que seigneur de Ramerupt. À sa mort, survenue en 1063, ses fils, tout en demeurant seigneurs de Montdidier, se partagèrent l’héritage : Ebles II hérita de Roucy, André de Ramerupt. Cette même année, les frères participèrent à la croisade de Barbastro au cours de laquelle Ebles conduisit une armée au côté du roi d’Aragon Sanche Ramirez. Il est fort probable que Hugues, fils d’André, soit né durant cette période au comté de Montdidier avant que son père André ne prenne en charge le comté de Ramerupt.

 En 1104, Hugues de Champagne part pour la terre sainte en passant par le pagus d'Auxerre et s'arrête à Saint Germain. Plus tard à Dijon, il signe une charte  aux moines de Saint Bégnigne. Document connu par une charte du comte Henri le libéral de 1179. (G.Chevrier et M.Chaume, chartes et documents de St Bénigne de Dijont.2,1943 p.187 n°409) la date proposée est celle des relations certaines du comte de champagne avec St Bénigne. Le 2 mai 1104, il participe au siège de Nogent-en-Bassigny. Peu de temps après, on le rencontre à Dijon (in camera abbatis) où il souscrit une charte pour Saint marcel les Châlons ( gallia christaria t.4.inst.236,n°17). Il semble qu'à ce moment il était déjà en route vers la Palestine.

Noël 1104, l'union entre Hugues de Champagne et Constance, fille du roi Philippe, est rompu à Soissons, mais Hugues de Champagne y est absent. 

29 mai 1107, Auxerre, confirmation du don de Hugues de Champagne de sa terre de Saint-Amand au chapitre de Châlon sur Marne (sancto Amando).

En 1108, Hugues de Champagne est de retour de terre sainte et on le retrouve sur une charte de Chatillon sur Seine pour la confirmation de don fait à Molesme devant le concile de Troyes en avril 1104 et l'octroi de la totalité de la potestas (villa) de Rumilly, sur laquelle sont cités comme témoins: Andreas rameruci comes, Hugo cognomine brito filius ejus. Hugues de Payns semble absent, du moins sous ce nom. 

A son retour de terre Sainte, Hugues de Payns épouse Elisabeth de Chappes, fille de Clérambaud de chappes « Hugo de Pahans et Hisabeth uxoris eius ». Cette information est avancée par l’historien américain Jonh Benton qui, en 1970, en collectant les chartes des comtes de Champagne a retrouvé le nom d’Elisabeth, seconde épouse d’Hugues de Payns, dans une charte de 1170 dont il subsiste trois exemplaires originaux aux archives de l’Aube. Le premier émane de Clarembaud III de Chappes et porte la cote 4H35, le second du comte Henri (4H29) et le troisième de l’évêque de Troyes Mathieu (4H43). Benton John, BUR Michel et collaborateurs, Recueil des actes d’Henri le Libéral, comte de Champagne (1152-1181), Paris, De Boccard, 2009. Selon Thierry Leroy, cette charte rappelle un don fait en 1139 lors de la fondation de l’abbaye de Larrivour par Clarembaud III de Chappes, Hilduin de Vendeuvre et Guy Bordel, dans laquelle Elisabeth de Payns y confirme le don d’une demi-charruée de terre qui faisait partie de son propre fief relevant de Clarembaud III de Chappes (de feudo […] Hugonis de Pahans et Hisabeth uxoris eius de cuius capite erat). Ce mariage d’Hugues confortait la politique comtale de contrôle de la vallée de la Seine puisque les Chappes possédaient une puissante forteresse dominant le fleuve à quelques kilomètres de Bar-sur-Seine. Ce nouvel allié fermait entièrement la frontière est du comté de Troyes.

Selon la tradition, quatre enfants naîtront de cette union : Isabelle épouse de Guy Bordel, Gibuin vicomte de Payns, Thibaud abbé de Sainte Colombe et Herbert hermite de Payns. 

Il semble cependant que, dans les textes connus, seul l’un deux soit explicitement relié à Hugues, le premier maître du Temple.

Le chroniqueur anonyme de l’abbaye Sainte-Colombe-de-Sens rapporte l’existence de l’un de ses abbés. Teobaldus de Pahens, qui dirigea le monastère de 1139 à 1146 à la suite de Roscelin (présent au concile de Troyes en 1129). Il le présente en ces termes : « Teobaldus de Pahens, filius Hugonis primi magistri templi Hierusalem ». Chroniques anonyme de Sainte-Colombe citée par DURU (sous la direction de L.M.) Bibliothèque historique de l’Yonne… pp. 199-216. Thierry Leroy – la naissance des Templiers : la mémoire retrouvée.

1110, Alix de Roucy-Ramerupt, fille de André comte de Ramerupt épouse Erard Ier de Brienne, leur fils Gautier II de Brienne deviendra comte de Ramerupt.

1110 charte de Hugues de Champagne à montieramey

1113 charte de Montieramey. témoin: Hugo dominus de Paenz, Milon de Bar sur Seine. André de Ramerupt est pour une fois absent. Hugues aura donc été nommé, par le comte de Champagne, seigneur de Payns (péage au nord ouest de Troyes).Lalore, cart. VII

Hugues de Champagne et Hugues de Payns disparraissent alors des chartes, ils effectuent leur second voyage en terre sainte.

En 1101, soit deux années après la prise de Jérusalem, le patriarche nommé par Godefroy de Bouillon crée une confrérie de chevaliers laïcs destinée à assurer la défense du Saint-Sépulcre et la place sous la tutelle du prieur de ces chanoines. ernoul nous conte que ces chevaliers décident de s'émanciper de cette tutelle pour former une confrérie indépendante placée sous l'autorité du roi Baudoin et du patriarche, et nommée "les pauvres chevaliers du christ". Ceci a lieu une vingtaine d'années après l'engagement de ces chevaliers. Les chroniques de Guillaume de Tyr et de Jacques de Vitry nous en précise la date: dans le cours de l'année du couronnement du roi Baudoin II, soit en 1118. Des recherches plus approfondies ont montré qu'il fallait plutôt retenir 1119 et même le tout début de l'année 1120. Guillaume de Tyr précise l'identité de ces hommes: "Hugo de Paganis et Godefridus de Sancto-Aldemar" que l'anonyme français traduisit vers 1220 par "Hues de Paiens delez troies" et "Godefroiz de Saint-Omer". source: Thierry Leroy -  Hugues de Payns: la naissance des Templiers: la mémoire retrouvée.


Le quatrième chroniqueur, Michel le syrien, raconte qu'au commencement du règne de Baudoin II (14 avril 1118), un homme franc, qui avait pour nom Hugues de Payns (Houg de Payn), vint de Rome pour prier à Jérusalem. Il combattit pour le roi pendant trois ans et fit le voeu de ne plus retourner dans son pays.Avec les trente chevaliers qui l'accompagnaient, ils choisirent de prononcer les voeux monastiques et de finir leurs jours dans la ville sainte. Trois ans plus tard, Hugues de Payns accepta de servir dans la milice au lieu de se faire moine pour travailler à sauver son âme afin de garder les lieux saints contre les voleurs. Hugues de Payns serait donc arrivé en Terre Sainte en 1115. 
source: Thierry Leroy -  Hugues de Payns: la naissance des Templiers: la mémoire retrouvée.

C'est le 30 décembre 1119, année de la fin de la reconstruction de l'édicule par les croisés, qu'est cité pour la première fois Hugues de Payns, sous le nom de Ugo de Pazence, comme témoin sans titre ou description dans le cartulaire général de l'ordre des Hospitaliers de saint jean de Jérusalem. Il a donc, sinon participé, au moins assisté à la restauration de la tombe du Christ et à la reconstruction de l'édicule. Ceci tendrait également à prouver que l'ordre du Temple est bien issu des Hospitaliers, comme le laisse entendre Bernard le Trésorier et l'affirme Brompton. source: Les templiers: gardiens de la terre sainte et de la tombe du Christ. Daniel Minard.. Cartulaire du St Sépulcre n°90a.
1120 Dec 30.
Balduinus II, rex Hierosolymitanus Hospitali privilegium ab antecessore (20 Junio 1112) concessum confirmat Paganus cancellarius, Robertus vicomes Acconis, Radulfus de Fontanellis, Ugo de Pazence (1), Anfredus de Toronis, Andrea de Teirall, Johannes cubi(cu)larius praesentibus Petro Barchinonensi, Bertrando frate de Monte Peregrino, Poncio presbitero et frate Aicilino. (D. Cart. I, p. 45, N° 53) (1) Nescimus, num Hugo de Paganis, an de Parentei intelligendus sit.

Hugues de Payns et Geoffroi de Saint-Omer s’émancipent de la tutelle des chanoines du Saint-Sépulcre et fondent la milice des Pauvres chevaliers du Christ. Dans le même temps Raymond du Puy 

1123 Hugues, cette fois sous le nom de Hugo de Peans, est à nouveau témoin et toujours sans titre dans une charte provenant de l'abbaye de Josaphat en Terre Sainte, lorsque le Patriarche Gormond confirme toutes les possessions de l’abbaye Notre Dame de Josaphat. Anthony Luttrell la situe, quant à lui, probablement entre le 14 avril 1120 et le 13 avril 1121. Source : The carliest Templars Anthony Luttrell Autour de la première croisade publication de la Sorbonne 1997. Charte de Terre Sainte provenant de l’abbaye de Josaphat (Delaborde. 1880) Cartulaire du St Sépulcre n°101.

 

Hugues « brito » comte de Châlons

Ebles, comte de roucy, le futur archevêque, épouse Béatrice de Hainault, petite-fille d'Hugues Capet, qui lui donne deux filles : Havide et Adèle. Cette dernière se marie vers 1040 avec Hilduin de Ramerupt et fonde avec lui la deuxième lignée des Roucy. Il se sépare ensuite de son épouse et devient archevêque de Reims. Il est le premier à cumuler les fonctions de dignitaire de l'Eglise et de chef militaire, de comte de Reims, étrennant ainsi l'image de "archevêque de Reims, grand chef militaire" (1030). En 1063, Ebles meurt, tout comme son gendre Hilduin de Ramerupt ; le comté de Roucy échoit donc à Ebles II de Roucy, l'aîné des petits-fils de l'archevêque. Quant au cadet, André, il accède au comté de Ramerupt. De sa première épouse, Adèle vidame de Châlons, André a trois fils : Hugues, et Olivier, tous deux compagnons du Batailleur, et Ebles qui deviendra évêque de Châlons-sur-Marne. Le généalogiste de Foigny, au regard d'un acte du comté de Champagne, appelle Hugues « comes in Hyspania », ce qui laisse supposer qu'étant l'aîné, il était en droit de succéder à son père comme comte de Ramerupt au sud de Châlons. Mais alors que le comté de Ramerupt lui revenait, il sacrifia celui-ci à l'aventure en Espagne où son fils André l'accompagna.

Ebles II de Roucy conduisit une armée en Espagne, en 1063, et participa à la croisade de Barbastro. N'ayant pu obtenir de fief en Espagne, il part en Italie et devient chef de l'armée des chevaliers du pape Grégoire VII et épouse Sybille de Pouille, la fille de Robert Guiscard de la maison de Hauteville. Il organise, probablement sur les instances du pape, l'expédition française en Aragon de 1072-1073, et marie sa sœur Félicie au roi d'Aragon Sanche Ramirez, qui va devenir roi de Navare en 1076. C'est le second mariage de Sanche, Félicie donne naissance à trois enfants : Alphonse le batailleur, Aude princesse d'Aragon et de Navarre, et Ramire II. source:Naissance et développement de la chanson de geste en Europe..vol 6 de André de Mandach.

André de Ramerupt avait séjourné au service de Sancho Ramirez dans les années 1080. Domino Andreo de Francia, qui détient l'honor de Pena, aux Cinco Villas, entre 1083 et 1086 : Salarrunalla (J), Documentos correspondiente al reinado de Sancio Ramirez, I, Zaragoza, 1907, n°22[1084].

1123 confirmation par Ebles, évêque de Châlons et comte de Ramerupt, des biens donnés par son père à l’abbaye de Marmoutier, XXII,456.

André de Mandach, dans son ouvrage "Naissance et développemment de la chanson de geste en Europe, vol 6" cite Lacarra en ces termes "Lop Kaixal donne à l'Ordre du temple (cavallariam de Templo Salomonis) sa maison de Tudèle, legs de son oncle Kaixal mort à Fraga [le fondateur du Temple, Hugues de Payens, était un cousin d'Alphonse Ier et de Rotrou, c'était l'ordre préféré du roi auquel il laissa, outre des biens, ses armes et son cheval.] Lacarra 1982, n°249, charte postérieure à la bataille de fraga de Juillet 1134.

Comme nous l'avons vu précédement, Ebles II de Roucy, fils de Hilduin de Ramerupt, marie sa soeur Félicie au roi Sancho Ramirez dont elle aura pour fils Alphonse Ier. Nous avons vu également que Ebles a pour frère André de Ramerupt père de Hugues "brito". Les deux frères, outre Félicie, ont plusieurs autres sœurs dont Béatrice de Montdidier qui épousera Geoffroy II de Mortagne dont elle aura pour fils Rotrou III du Perche.

Nous sommes donc ici en présence d'une même famille dans laquelle Alphonse Ier, Hugues "brito" et Rotrou III du Perche sont cousins.

Rotrou III du Perche commença par accompagner son oncle Ebles II de Roucy, en espagne pour combattre les Maures aux côté d'un autre oncle Sanche Ier, roi d'Aragon et de Navarre. Puis il s'engagea dans la première croisade, sous les ordres de Robert Courteheuse. Il s'illustra au siège d'Antioche, puis à la prise de Jérusalem. Peu après son retour, Rotrou soutient Robert Courteheuse dans le conflit qui l'oppose à Henri Ier d'Angleterre, puis combat en 1111, sous la bannière d'Henri Beauclerc contre le roi de France. En 1112, il repart en Espagne et combat pour le compte de son cousin germain le roi Alphonse Ier d'Aragon-Navarre. En 1119, il reçoit le gouvernement de la cité de Tudela, conquise sur les musulmans. Wikipédia.

Un autre fils de André de Ramerupt du nom de Olivier prit part aux campagnes arago-pampelunaises. . Nous ne savons presque rien de lui, si ce n’est qu’il a combattu aux côtés de son frère Hugues précisément sous les ordres de son cousin Alphonse le Batailleur dans la vallée de l’Ebre. Nous savons également qu’Alphonse Ier est accompagné d’un certain « Oliver » à Bayonne, lorsqu’il octroie à son scribe Juan Perez des biens à Tudèle, le 18 mai 1131. Cette charte est attestée par Gautier de Guidville ou Gerville, sire de Borata, seigneur important de la région. (Bur 1977, 53 s ;Lacarra 1982, n°206 ; II,218a : Gualter de Caivilla…Guidvilla.) Elle mentionne en outre Auriol Garcés, le seigneur de Castro, bourg proche de Tudèle. On retrouve ce personnage en tant que témoin de la charte de donation de Corella près de Tudèle, charte octroyée à Rotrou par Alphonse le Batailleur. Ce document cite également Raimond de Turenne, seigneur de Cortes/Cordes et beau-frère de Rotrou.

La famille d’Hilduin de Montdidier est également représentée par un troisième personnage. Parmi les nombreuses sœurs de la reine Félicie, deux vont nous retenir, car auprès du célèbre roi Alphonse nous trouvons d’une part Rotrou du Perche, le fils de Béatrice et neveu de Félicie, et d’autre part Bertrand de Reynel, connu sous le nom de Bertrand de Laon. Ce dernier est un Roucy lui aussi par sa grand-mère Ermentrude, sœur de Félicie. Il rejoindra, dès 1110, le roi Alphonse et deviendra alors le plus sûr et le plus fidèle compagnon du roi : « sur lui, Alphonse se repose en tout amour, en toute foi, et toujours vont côte à côte ». Suzanne Martinet, La geste des Roucy en Espagne. Barthélemy de Joux, évêque de Laon entre 1113 et 1151, appartenait comme Bertrand à la famille de Roucy et était le neveu par sa mère du roi Alphonse le Batailleur. Il lui arrivait de quitter son diocèse pour d’autres raisons que les conciles et c’est ainsi que le 6 janvier 1119, il était au milieu des évêques qui consacrèrent la cathédrale de Saragosse, l’ancienne mosquée de la ville reprise par Le roi Alphonse. Barthélemy était venu parce que deux preux chevaliers issus de la famille Roucy, Bertrand de Laon et Rotrou du Perche étaient pour beaucoup dans la prise de la ville. Suzanne Martinet, «la geste des Roucy en Espagne ». Mémoires de la fédération des sociétés d’histoire et d’archéologie de l’Aisne, t,XI,1965,p 21-36. Sous son épiscopat, les Templiers fondent une commanderie près de la cathédrale de Laon, des exploitations rurales et des chapelles à la campagne où ils assurent la sécurité des routes.

En 1120, après ses victoires à Saragosse et Calatayud , Alphonse Ier d'Aragon fit bâtir la ville de Monréal del Campo pour y stationner une armée destinée à protéger la région contre les Almoravides ayant repris Valence. Les premiers chevaliers venus peupler la place-forte de Monréal del campo furent envoyés par Bernard de Clairvaux. Celui-ci leur ordonna d'observer et de garder la règle de l'ordre des pauvres chevaliers du Christ, à la différence près qu'ils pouvaient se marier. Neuf Chevalier du Conseil Magistral de l’Ordre du Chêne se constituent, selon le plan cistercien, en « Milice du Christ ». C’est ce collège qui transformera l’Ordre Navarrais du Chêne en Ordre du Saint Sauveur. Le nouvel Ordre jouira des mêmes avantages et prérogatives que l’Ordre du Temple de Salomon. L’Ordre du Saint Sauveur sera souvent considéré comme le premier Ordre Templier. A l'origine, les chevaliers de l'ordre du Saint-Sauveur de Monréal portaient sur l'estomac une croix rouge ancrée de gueules.

Saint sauveurSon premier grand maître fut Gaston IV de Béarn.

En 1123, Hugues "brito" est présent en Espagne sur une charte de donation des dîmes par l'évêque Pierre de Saragosse. Il y figure sous le nom de Huas de Xalon.

Vers 1126-1130 est écrite une lettre notifiant la fondation par Alfonse, roi d’Aragon, Gaston, vicomte de Béarn, et d’autres princes, d’un ordre militaire à l’instar de celui de Jérusalem, destiné à chasser les sarrasins d’Espagne et plus tard de Terre Sainte, et énumérant les biens et les revenus affectés par le roi à la dotation de cet ordre et les privilèges temporels et spirituels accordés par le roi et les évêques de son royaume. Approbation par Guillaume, archevêque d’Auch, avec permission de quêter en faveur de cet ordre.

En Orient, le roi de Jérusalem semble avoir joué un rôle déterminant. Il adressa une lettre à Bernard de Clairvaux. Les frères du Temple s'étaient adressés à lui pour obtenir confirmation apostolique de leur ordre et bénéficier d'une règle de vie précise. Il demanda à Bernard d'accueillir ses ambassadeurs, André et Gondemar, chevaliers connus pour leur bravoure et d'extraction noble. Cette lettre a été acheminée par André et Gondemar peu avant le concile de Troyes. Le titre de prince d'Antioche reconnu à Baudouin dans la titulature initiale de cette missive la date de Syrie, à l'été 1126. Il semble maintenant clairement établi qu'André était certainement André de Montbard. C'est probablement en 1126 ou en 1127, qu'André vint à Clairvaux pour porter cette missive à son neveux Bernard. Il dut rester en France au moins jusqu'en 1128 et il assista peut-être au concile de Troyes quoique ne figurant pas dans la liste des participants mentionnés dans le prologue de la règle du Temple.

On se souvient qu’à l’origine, Hugues de Payens et les autres Templiers avaient été envoyés en occident par le roi de Jérusalem et les seigneurs de son royaume, pour exciter les peuples à venir au secours de la terre sainte, principalement au siège de Damas.

Baudoin II avait lancé des raids sur le territoire damascène en 1125 et 1126. Ceux-ci l’ont convaincu qu’il avait besoin d’un soutien extérieur pour prendre la ville. À cette fin, il envoya trois ambassades en Europe occidentale en 1127. Baudoin n’a pas fait campagne en 1127 ni 1128, ce qui suggère qu’il renforçait ses forces plutôt que d’agir de manière opportuniste.

En 1127, il envoya donc Hugues de Payens en Europe pour recruter des hommes puissants à la cause d’une campagne contre Damas. Il a également demandé l’approbation papale de son ordre militaire, les Templiers. Baudoin a également envoyé Guillaume de Bures et Guy Brisebarre pour arranger le mariage de son héritière, Melisende, avec le comte Foulques V d’Anjou. Ils partirent à la fin de l’été ou à l’automne 1127 et revinrent en mai 1129. Dans cet intervalle est écrite la lettre de Hugues de Payns aux Chevaliers du Christ. La troisième ambassade, entreprise par l’archevêque Guillaume de Tyr et l’évêque Roger de Ramla, était pour obtenir l’approbation du pape Honorius II pour le mariage, car il entraînerait Foulques à devenir roi de Jérusalem à la mort de Baudoin. Ils sont accompagnés dans cette tâche par Geoffroy de Saint-Omer dont on trouve la trace à Rome auprès de Honorius II en 1127.  Les combattants amenés par Hugues de Payns, qui n’étaient pas tous templiers, arrivèrent en terre sainte à l’automne 1129 et furent immédiatement engagés dans les opérations contre Damas ; des templiers participèrent aussi aux combats, bien qu’aucune source ne le mentionne expressément. Les templiers ; une chevalerie chrétienne au Moyen Age – Alain Demurger.  

Les recrues venaient majoritairement d’Anjou, de Champagne, de Flandres, de Normandie et de Provence. Il existe des preuves que Hugues a recruté en Angleterre et en Ecosse. Il a reçu une importante somme d’argent du roi Henri Ier d’Angleterre. Selon Oderic Vitalis, de nombreux partisans de Guillaume de Cliton (William Clito) se sont joints à la croisade après l’assassinat de leur seigneur. Sans doute ont-ils été recruté en Flandres par Geoffroy de Saint-Omer qui avait convaincu sa famille de donner à l'Ordre les redevances des Flandres du comte Guillaume Cliton.

Le 5 décembre, le siège est levé, l’armée croisé décampe et se sépare dès son retour à Jérusalem.

En Espagne, en 1128, la Milice du Christ devient l’Ordre du Saint Sauveur. Elle reçoit sa maison cheftaine de Monréal et sa double règle, chevaleresque et religieuse. La règle des chapelains de Monréal s’inspire de celle des chanoines du Saint Sépulcre, tandis que la règle militaire s’inspire de celle du Temple.

Rien dans les textes n’atteste qu’Hugues de Payns soit resté à Jérusalem au début de l’année 1130. Le comte de Champagne Hugues Ier qui s’était fait templier en 1125 meurt à Jérusalem peu après 1130. Le comte-marquis de Barcelone se fait Templier. Gaston de Béarn, Seigneur de Monréal et responsable de la Milice du Christ est fait Grand Maître du Saint Sauveur.

En 1130, le Grand Maître Gaston de Béarn est assassiné par un Musulman. Son fils Centulle VI de Béarn lui succède à la tête du Béarn sous la régence de sa mère Talèse (vicecomitissa domna Taresa in Unocastello). Garcès Cazals (Garcia Kaxal), majordome d’Alphonse Ier, lui succède. Il apparaît sur un acte de 1131 "...nostris fratribus militibus Templi... regis nostri senioris Adefonsi... Facta carta anno M.C. tricesimo I ab incarnatione Domini (fol.108) mense octobris, quando Garcia Kaxal oblit, quando rex cepit Migneza et fuit a Fraga..."

Gaston IV de Béarn avait légué toutes ses terres d'Aragon à l'ordre du Temple et non à celui de Monréal dont il était le grand maître. Ceci renforce l'idée que la milice crée par Alphonse Ier à Monréal n'est autre qu'une branche de la Milice Christi de terre Sainte.

Durant les luttes opposant les Chrétiens aux Maures pour reconquérir les royaumes musulmans de la péninsule ibérique (la Reconquista), les Templiers viennent se ranger à l’ombre des étendards castillons, aragonais, navarrais, portugais et autres contingents d’outre Pyrénées afin de combattre ce contremouvement. Les templiers au nord des pyrénées – Jean-Luc Alias.

Régine Pernoud, dans « les Templiers, chapitre IV. L’épopée du Temple » nous dit qu’en ce qui concerne les faits d’armes proprement dits, le plus ancien qui nous soit connu, assez curieusement, n’a pas lieu en Terre sainte mais en Portugal: «parce qu’ils sont venus et ont tenu à force d’armes au Grayana (Granena) et sur la Marche pour la défense des chrétiens» , les Templiers, en l’espèce de Robert le Sénéchal et Hugues Rigaud, reçoivent des mains du comte Ermengaud d’Urgell le château de Barbara; cela se passe en septembre 1132; le fondateur, Hugues de Payns, vivait encore. La reconquête de l’Espagne et du Portugal suscitait les mêmes initiatives que celle des lieux saints.

Au fur et à mesure de la reconquête des territoires vers le sud, les templiers ont alors la mission de coloniser les territoires et d’y bâtir des commanderies. Les premières donations sont consenties dans le royaume d’Aragon. Les maures d’Espagne étaient les premiers infidèles qu’il fallait combattre.

En 1130-1131, le comte de Barcelone, Raymond Béranger III, donne le château de Granyena de Segarra au Temple ; il aurait pris l’habit du Temple peu avant sa mort. Ce sera le premier établissement de l’Ordre des pauvres chevaliers du Christ et du temple de Salomon en Catalogne. En Aragon, le Temple prend possession de Monreal del campo, siège de la confrérie de chevaliers formée quelques années auparavant. Hugues Rigaud et Raymond bernard, agissant au nom du maître de l’ordre, recueillent les dons et peuvent former la première province de l’ordre en occident : elle s’étend à la Provence, au Languedoc et à l’Espagne. Avec Soure au Portugal, Granyena en Catalogne et avec Monreal en Aragon, le Temple recevait des châteaux situés sur la frontière. Chevaliers de christ, les ordres religieux-militaires au moyen age de Alain Demurger.

Le testament dans lequel le roi d’Aragon Alphonse Ier le Batailleur a légué son royaume en 1131 aux ordres chevaliers est confirmé en 1134.

1130 (14 mai) Confirmation de la donation du Château de Soure, faite antérieurement par l’Infant-Comte D. Afonso Henriques et la Reine-Comtesse D. Teresa, à l’ordre du Temple. Ce château, avec ceux de Ega, Redinha et Pombal formèrent la ligne défensive dès Coimbra, la future capitale du Portugal, jusqu’à la ville de Leiria, où un château serait bientôt bâti.

1131 Installation de l’ordre du Temple en Aragon.
Coimbra est devenue la capitale du Portugal par décision officielle du Roi Afonso Henriques.
https://www.templars-route.eu/fr/ordre-du-temple/histoire-templiers/

 la Reconquista espagnole, à laquelle participent les Templiers, bien implantés dans leurs forteresses ibériques, demeure un front d'opérations secondaire par rapport à la Palestine et à la Syrie.

En 1132, Création, par le Saint Sauveur, de la Milice de Puilampa, sous le commandement d’André de Béarn, fils cadet de Gaston selon le Comte Girond Flandres. Or si on en croit différentes sources, André était le fils de Hugues de Châlons (Huas de Xalon) à qui le roi Alphonse I donna la terre de Puilampa afin de la repeupler à l’aide des habitants de Uncastillo.

Le cartulario del hospital de Santa Cristina de Somport mentionne « Alfonso I el Batallador dona a Andrés, hijo del conde Huas, el lugar de Puilampa, para que lo pueble. » « Andréas filio de comite Huas ».

« Los más beneficiados no serán los grandes barones y nobles más allegados al monarca, ya recompensados con honores y protagonismo político, sino nobles de linajes menos relevantes o entidades eclesiásticas de las que se hablará más adelante. Como ejemplo, la concesión en 1132 por Alfonso I del lugar de Podio Lampado (Puilampa) a Andrés, hijo del conde don Huas, en premio a sus servicios, para que lo pueble con hombres de Uncastillo: los de este lugar realmente ya habían ocupado las tierras de Puilampa, y la concesión real supone un sometimiento al señorío del noble. »

« El encargo-donación a Andrés, hijo de don Huas, para poblar con hombres de Uncastillo. Años después Santa María venderá el lugar a Santa Cristina de Somport, lo que apunta a que la ocupación se hizo bajo la iniciativa de Santa María »: CPRA, doc. 54. Ramón Berenguer IV cede sus derechos sobre Puilampa: CSMU, doc. 66, y DERRVE, p. 581. » Source : SECTORES SOCIALES Y OCUPACIÓN TERRITORIAL EN LAS CINCO VILLAS (SIGLOS XI AL XIII) ELENA PIEDRAFITA UNIVERSIDAD DE ZARAGOZA

« José Angel Lema nos aporta más datos sobre estos señores ultrapirenaicos que conformaban la comitiva real y que ejercieron las tenencias del rey Alfonso I. 
Así tenemos a Andrés hijo de Huas de Xalon, a Bernard Pere de Sant Just, Ponce de Fredalez, Gastón de Bearn, Huas de Basobas y Rotrou de Perche. »
San Sebastian, Donostia, Geografia e Historia LAS PRETENSIONES PAMPLONESAS.

« El lugar, no obstante, está documentado ya en 1132 cuando Alfonso I lo entregó a Andrés, hijo del conde don Huas, para que que lo poblara con gentes de Uncastillo. »  source : Fundación Uncastillo Centro del Románico .M. Pilar Giménez Aísa

“Puilampa (near Sàbada) was given to Andres, the son of the French count Huas of Châlon, to repopulate, using settlers from Uncastillo.”Possessing the Land: Aragon's Expansion Into Islam's Ebro Frontier Under ... De Clay Stalls

Sans doute une erreur d’interprétation, sachant qu’à la même époque Gaston IV de Béarn était en possession de Uncastillo et qu’à sa mort, la terre revint à son véritable fils, Centule V.

« Las relaciones familiares con la casa real fueron frecuentes: Talesa o Taresa, su hija, casó con Gastón de Bearn, personaje muy allegado a Alfonso I. Gastón será tenente de Uncastillo en 1118 y de 1124 à 1129, fecha en que la tenencia pasa a manos de su hijo Céntulo de Bigorra hasta su muerte en 1134, ocupando el puesto de tenente la esposa de Gastón y madre de Céntulo, Taresa. »

Aucune généalogie ne parle de André fils de Gaston de Béarn. Par contre les chartes du roi Alphonse I mentionnent « Andres de don Huas »

Une hypothèse, non vérifiée, est que Andres pourrait avoir épouser une fille de Gaston IV, se faisant appelé Andres de Béarn, d’où la méprise.  Cette hypothèse semble, par ailleur très vite irrecevable si l’on en croit Clay St Alls dans son ouvrage Possessing the Land: Aragon's expansion into Islam's Ebro frontier où il cite: "Andrés and his wife Mayor gave some property in Murillo de Limas along with an exaric and his family to the church of Santa Maria of Tudela. the document records that this property and the exaric came from Sancho VI, king of Navarre". Ce document a été écrit après le rêgne de Alphonse Ier, donc après 1134, et le nom de famille de Andrés n'est pas précisé, il s'agit donc d'un personnage suffisamment important pour ne pas devoir donner de précision. Dans le livre de Clay St Alls, on retrouve cet homme avec cette fois la mention "Andrés, the son of the French count Huas of Chalon". Les généalogistes ne donnent pas à Gaston IV de Béarn une fille prénomée Mayor.

À partir de 1130, le comte Hugues de Châlons, accompagné de son fils André, combattit sous la bannière du roi et souscrivit neufs actes. Alphonse Ier accorda à Hugues et son fils le lieu désert de Puilampa pour le repeupler et l’honor de Buscalapoyo. Ces territoires ne représentaient pas une grande valeur car les principaux honores du royaume avaient déjà des acquéreurs et les deux seigneurs champenois n’avaient pas participé aux grandes conquêtes de la vallée de l’Ebre. Dans un acte du comte de Champagne, Hugues fut désigné sous le titre comes in Hispania, titre obtenu par ses prouesses guerrières contre les musulmans. Un autre fils d’André de Ramerupt du nom d’Olivier prit part aux campagnes arago-pampelunaises. Ce personnage, dont le nom évoque l’univers épique de la chanson de Roland, fut mentionné comme souscripteur d’un acte daté de 1131. Il semblerait que ces trois seigneurs trouvèrent la mort à la bataille de Fraga en juillet 1134. Les francos dans la vallée de l’Ebre (Xie-XIIe siècles) de Alexandre Giunta.

Ce qu’il ressort de ces analyses est que :

On ne connait pratiquement rien de l'affiliation de Hugues de Payns tandis que Hugues "brito" est descendant d'une haute lignée de comtes présents en Champagne et ayant des relations familiales étroites avec les monarques.

Hugues « brito » de Châlons tient également un poste important à la cour du roi Alphonse I le Batailleur, son cousin, comme le montre cette charte du 25 février 1134 signée d’Alphonse « …tate et propter seruitium quod michi fecisti in Fraga et in multis allis locis et pro amore de Sancio Iohannes et de Huas de Xalon… » traduction : « …le service que vous avez rendu pour le bien de Fraga et dans de nombreux autres lieux et pour l’amour de Sancho Johannes et de Hugues de Châlons… »

Entre 1100 et 1114, Hugues « brito », fils de André de Ramerupt, est beaucoup plus présent sur les chartes, aux côtés du comte Hugues de Champagne que ne l’est Hugues de Payns, qui pourtant est considéré comme proche du Comte.

En 1118, Bernard de Clairvaux favorise la formation simultanée de deux Ordres similaires, militaires et religieux, l’ordre du Temple à Jérusalem et l'ordre du Saint Sauveur à Monréal. Neufs chevaliers en sont à l'origine et respectent les mêmes règles.

 

Les débuts de l’Ordre du Temple

Des années 1118 à 1127, on a que peu de trace de leurs actes. Aucun récit des Croisades, d'origine Franque ou Arabe ne relate de combat des Templiers ou des Pauvres Chevaliers du Christ avant 1130. Par contre, fait marquant, en 1125, le puissant comte Hugues de Champagne, renie femme et enfants, abandonne fortune confort et gloire pour rejoindre les Templiers et se mettre au service d'un de ses anciens vassaux, Hugues de Payns. A partir de ce moment les choses vont s'accélérer.

Dans tous les récits historiques seuls deux chevaliers sont mentionnés comme fondateurs de l’Ordre, et non neuf comme le prétend la légende largement répandue dans les Ordres initiatiques modernes.

C’est le 23 janvier 1120, lors du concile de Naplouse que fut reconnue officiellement la milice des Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon (en latin : pauperes commilitones Christi Templique Salomonis).

Les sources officielles sont les suivantes :

Récits de quatre participants à la croisade : Foucher de Chartres, Raymond d’Aguilers, Pierre Tudebode et l’anonyme rédacteur des Gesta Francorum.

Récits de trois autres clercs qui n’ont pas participé à l’expédition mais qui ont reçu des informations de première main : Baudri de Bourgueil, Robert le moine et Guibert de Nogent.

Récits d’Albert d’Aix dont les historiens modernes ont découvert tardivement l’importance.

Hors de Terre sainte, c’est en France que les Templiers reçurent leurs premiers soutiens et leurs plus anciennes donations. Dès 1120, le comte d’Anjou Foulques V, futur roi de Jérusalem, vint comme pèlerin en Orient et, selon le chroniqueur Orderic Vital, il s’associa à la confraternité fondée par Hugues de Payns : il logea dans le palais que le roi Baudoin II avait remis aux frères et leur alloua, à son retour en Occident, une rente annuelle de trente livres angevines. Son geste, inspiré par une dévotion admirative, prétendait avoir valeur d’exemple. Il l’eut à n’en pas douter et en 1125, le comte de Champagne, Hugues Ier, qui se rendait pour la troisième fois à Jérusalem, y rejoignit le temple, comme l’atteste un écrit où Bernard de Clairvaux, tout en le félicitant, déplore qu’il n’ait pas fait le choix d’entrer à Cîteaux. De tels appuis révèlent que la réputation du Temple s’est bien vite étendue au-delà de la terre sainte. Une première donation est rapportée lorsque, le 1er juillet 1124, un laïc du nom de Guilhem de Poitiers, agissant pour les Templiers, remit à Saint-Victor de Marseille l’église de La Motte-Palayson, au diocèse de Fréjus : par l’intermédiaire probable d’un pèlerin, la possession du lieu avait été précédemment transférée aux coreligionnaires d’Hugues de Payns, qui résolurent alors de s’en déprendre Damien Carraz, L’ordre du Temple dans la basse vallée du Rhône…. Même inaboutie, cette donation précoce, qui s’ajoute au soutien de plusieurs grands nobles du royaume, permet de s’inscrire en faux contre l’idée que les Templiers, à la veille du concile de Troyes, auraient été fort peu nombreux. Neuf frères en neuf ans : l’image forgée par l’archevêque Guillaume de Tyr, qui dans la seconde moitié du xiie siècle s’était heurté à eux, a de quoi frapper Guillaume de Tyr, Chronique, éd. de Robert B. C. Huygens,…, mais elle est fausse. Le Temple, dès ses premières années, s’est assuré par-delà la Terre sainte une certaine renommée, notamment en France, mais celle-ci restait insuffisante et, en 1127, il fallut à son maître, Hugues de Payns, entreprendre un voyage en Occident pour faire connaître sa communauté et lui procurer la reconnaissance de l’Église en tant qu’ordre  Alain Demurger, Les Templiers. Une chevalerie chrétienne,….

Lettre de Hugues de Payns aux Chevaliers du Christ et chevauchée en Occident. Publication De laude novae militiae de Bernard de Clairvaux.

Nous n'avons pas d'informations sur l'activité des chevaliers du Temple suite au concile de Naplouse et avant leur départ de terre sainte. Ils ont très bien pu regagner l'occident par l'Espagne puisque, comme nous le verrons ci-dessous, c'est par cette route qu'ils regagneront la terre sainte en 1129.

Rappel : en 1123, Hugues brito est présent en Espagne sur une charte de donation des dîmes par l'évêque Pierre de Saragosse. Il y figure sous le nom de Huas de Xalon.

1125-1130 dans le cartulaire du temple on trouve un acte de Hugues de Champagne (Hugonem comitem Campanie, militem Templi factum) édité : Migne, Petr.lat. CLXXXII, epistola XXXI. Il passa en terre sainte en 1113, 1121, 1125 ; en 1129 avant septembre et en 1130, avant septembre, il paraît à Jérusalem (Robricht, Reg., n°130 et 133).

Que Hugues de Champagne se soit rangé sous les ordres de l’un de ses vassaux peut surprendre, or, à cette époque où Hugues de Payns venait à peine de quitter son poste de comte-évêque de Châlons cet évêché était très riche : il avait dans la ville bailliage et prévôté, les droits régaliens, droits sur les fouleries , la jauge ,le poids , l’aunage des toiles , des serges et des draps , mesurage des vins et des grains, sur les corps d’état; les principaux seigneurs du pays figuraient parmi ses feudataires et lui rendaient hommage. D’abord le comte de Champagne se trouvait son vassal, comme le prouve une charte de Gérard de Douay, où ce prélat déclare que le comte Thibaut, étant en chemin pour lui faire son acte de foi et hommage à Chevilly, comme il le devait, il le lui a bien voulu faire à Saint-Memmie, parce que lui Gérard, s’y trouvait malade, mais que cela ne pourrait servir de précédent pour l’avenir (septembre 1210). La cour épiscopale était digne d’un évêché aussi puissant, son organisation était due, dit-on, à Gibuin, (998-1000).

Dès 1126, les fondateurs vinrent en France pour recruter. La tournée occidentale des Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon commença en Anjou et passa ensuite par le Poitou, la Normandie, l’Angleterre, la Flandre et enfin la Champagne. Le premier don (de trente livres de sous Angevin) reçu par l’Ordre du Temple vint de Foulque, comte d’Anjou.

1127 cartulaire de Provins. Témoin: Hugues de Payns, maître du temple. Notice sur le cartulaire des templiers de Provins (XIIème et XIIIème siècles) Félix Bourquelot, Bibliothèque de l'école des chartes année 1858 vol19 pp 171-190.

1127 (31 octobre) Fondation de la commanderie de Barbonne par la donation de Thibaud de Champagne, comte de Blois, successeur de son oncle Hugues de Champagne, du domaine de Barbonne entre Sézanne et Chantemerle qui fut à l’origine d’une des plus grandes commanderies de l’Ordre. Wittier de Barbonne participe à cette donation. Lethericus de Baudement donne des biens qu'il détenait de André de Baudemant, sénéchal du comte Thibaud.

La première organisation de l'ordre du Temple, créé en 1118-1119 en Terre sainte, se met en place en Occident à partir de Troyes, à l'initiative d'Hugues de Payns qui fonda une commanderie sur ses terres de Payns par une donation faite avant le 31 octobre 1127. Guy Bordel, son gendre, complètera les biens par une donation en 1130.

Si réunir un patrimoine foncier était alors le préalable à la constitution de toute communauté religieuse, cela ne pouvait toutefois suffire. Il fallait aux Templiers, dont le genre de vie radicalement neuf mêlait la prière au combat, obtenir la reconnaissance de l’Église. Le concile de Troyes y pourvut, qui changea la confraternité établie par Hugues de Payns en un ordre, justifié par Bernard de Clairvaux, la plus haute autorité spirituelle du temps, dans l’Éloge de la chevalerie nouvelle (De laude nove militie) et doté d’une règle d’inspiration bénédictine Alain Demurger, Les Templiers. Une chevalerie chrétienne,…

Sous la pression de Bernard de Clairvaux, le Pape convoque un Concile à Troyes en 1129. Lors de cette réunion, l'Ordre du Temple sera officiellement créé, doté d'une règle consacrant le concept de Moine-Soldat et surtout, exempté de toute emprise des souverains temporels : les Templiers échappent à toute emprise des Rois et du clergé séculier. Ils ne paient ni impôt ni dîme et ont leurs propres chapelains...Ils n'ont dorénavant de comptes à rendre qu'au Pape.

* La chronologie des origines de l’ordre du Temple fait encore débat au sein du monde de la recherche ce qui explique les décalages pouvant apparaître pour la datation du concile de Troyes ou celle de la rédaction de l‘Éloge de la nouvelle chevalerie.

La date du concile est sujette à caution. Plusieurs calendriers étaient en vigueur. Certaines régions suivaient le calendrier de la Circoncision (ou de Noël) qui fixait le début le début de l’année au 1er janvier. Le calendrier de l’Annonciation, suivi en Champagne, fixait le début de l’année au 25 mars. Ainsi, le 13 janvier, certains étaient en 1129 quand les Champenois étaient encore en 1128. Reste à savoir quel calendrier a utilisé le rédacteur, la date du concile pouvant être, s’il adoptait le calendrier champenois, le 13 janvier 1129 de notre actuel calendrier, thèse qui a la faveur des historiens contemporains.

Pour prétendre durer, la jeune communauté devait s’assurer le soutien matériel, institutionnel et spirituel de l’Occident et, en particulier, de l’Église, et c’est à cette fin qu’Hugues de Payns et quelques-uns de ses frères, en 1127, quittèrent la Terre sainte, entreprenant un périple de deux ans qui leur permit d’obtenir la reconnaissance de l’ordre au concile de Troyes en janvier 1129. De Provence en Écosse et d’Anjou en Champagne, les Templiers purent alors se constituer d’importants appuis, et la Bretagne ne semble en rien avoir fait exception au mouvement. Très tôt, les frères s’y sont en effet établis. La première donation consentie au Temple dans le duché apparait d’un acte de Coudrie, en Bas-Poitou, siège d’une future commanderie. Un seigneur breton figure au nombre des bienfaiteurs de l’ordre, Garsire, sire de Retz et de Machecoul, qui, outre un cheval et des armes, céda avec l’accord de sa femme et son fils du foin pris sur ses prés et diverses rentes assises à Pornic et à Bouin. La charte n’est pas datée, mais un document postérieur indique que ces dons ainsi que d’autres en Poitou avaient été remis « dans la main de maître Hugues de Payns », et il est donc probable qu’ils remontent au printemps 1128, époque où le dignitaire est attesté dans l’Anjou voisin.

Au cours de l’année, Hugues de Payns se rendit dans le Duché de Bretagne, et y reçut diverses donations de la part de Pierre I de la Garnache et de Garsire II de Machecoul, grands seigneurs du pays de Retz. Certains de ces dons constituèrent le noyau de la commanderie des Biais à Saint-Père-en-Retz dans le diocèse de Nantes, considérée souvent comme étant la première implantation templière dans le Duché de Bretagne. D'autres dons des mêmes donateurs apparaissent cependant dans le cartulaire de la Coudrie, et auraient permis la fondation de la future Commanderie du Temple de la Coudrie, en Bas-Poitou alors dépendant du Duché de Bretagne. Un document postérieur aux dons indique qu'ils ont été remis "dans la main de maître Hugues de Payns", ce qui fait dire à l'historien P. Josserand que la première donation est celle de l'établissement des Templiers à la Coudrie, et qu'elle doit datée du printemps 1128.

La même année, sans doute, une autre charte, aux effets plus considérables, allait sceller l’implantation définitive des Templiers en Bretagne. Elle fut octroyée, à Nantes, par le duc Conan III, sa mère, Ermengarde, sa femme, Mathilde, et sa fille Berthe. Ensemble, ils donnèrent aux frères l’île de la Hanne, en amont de la ville, sur la Loire ; ils leur cédèrent aussi une métairie « avec ses maisons et ses animaux » dans la forêt de Rennes, Mathilde ajoutant les biens qu’elle possédait à proximité, et le duc, en vertu de son pouvoir princier, leur confirma par avance toutes les terres qu’ils acquerraient dans son domaine. L’acte, hélas, n’est pas daté, mais une autre charte, issue en 1141, permet de le situer. Cette année-là, Conan III consentit de nouveaux dons aux Templiers et, dans son privilège, il commença par rappeler la cession passée de l’île de la Hanne, indiquant que les autres faveurs étaient intervenues ensuite (postea). La première charte ducale, dénuée de date, est donc antérieure à 1141. Amédée Guillotin de Corson, le premier, proposa de la faire remonter à l’époque du séjour d’Hugues de Payns en Occident et, peut-on préciser, eu égard à ce que l’on sait aujourd’hui du périple, au printemps 1128. Le maître du Temple a-t-il jamais rencontré le duc de Bretagne, sollicitant directement faveur et protection pour son ordre ? En l’état des sources, on ne saurait l’assurer, mais l’hypothèse sans conteste tient du vraisemblable. (Leroy, Thierry, Hugues de Payns, chevalier champenois, fondateur de l’ordre des Templiers, Troyes, (...)Demurger, Alain, Les Templiers. Une chevalerie chrétienne au Moyen Âge, p. 51-66.La Boutetière, Louis de, « Cartulaire de Coudrie », Archives historiques du Poitou, 2 (1873), p. 15 (...) Ibid., p. 155-158, doc. 2 : « in manu magistri Ugonis de Paganis ».Demurger, Alain, Les Templiers. Une chevalerie chrétienne au Moyen Âge, p. 53.

L'histoire des Templiers en Belgique commence à Ypres (Ieper) dès 1128. Peu de temps avant l'approbation de la Règle de l'Ordre lors du concile de Troyes, Hugues de Payens et Geoffroy de Saint-Omer y fondent une maison le 13 janvier 1128. Une partie du faubourg de la ville, nommé "Upstal", appartenait à Geoffroy par héritage. Les Annales d'Ypres parlent de quinze religieux pour l'année 1128, treize frères, un supérieur et un chapelain. Cette note dans l'histoire de la ville d'Ypres démontre qu'une des premières commanderies templières en occident se situait très probablement dans le comté de Flandre. De plus, la présence de quinze Templiers dans la maison d'Ypres dès 1128 prouve à nouveau que les Templiers ne sont pas restés à neuf pendant neuf années. Peu après la fondation de la maison d'Ypres, les fondateurs de l'Ordre reçoivent en donation le fief de Bas-Warneton le 15 septembre 1128. La commanderie de Bas-Warneton dépendait directement de la commanderie majeure d'Ypres. Après Bas-Warneton en Hainaut, les fondateurs de l'Ordre reçoivent les commanderies de Cassel et Saint-Omer qui se trouvent actuellement en France. Trois ans après le concile de Troyes, la Flandre comptait déjà sept commanderies. Source : Jan HOSTEN - www.tempeliers.be

Les Templiers établirent ensuite une commanderie dans la ville de Laon en 1128, avec l’appui de Barthélemy de Jur et l’accord du pape Honorius II. Barthélemy de Jur (Joux ou de Grandson) est le fils aîné de Conon Falcon (Foulques) seigneur de Granson, de la Sarraz, du Jura et de Lausane; et de Aélis (Ade, Adélaïde), fille de Hilduin, seigneur de Ramerupt et de Montdidier et d’Adélaïde de Roucy. Barthélemy de Jur est donc le cousin de Hugues « brito », fils du comte de Ramerupt.

On ne peut donner une vue juste des chevauchées d’Hugues de Payens en Angleterre en se bornant uniquement aux actes qui ont trait à l’Ordre dans les Iles Britanniques. Les annales de l’abbaye de Wawerley indiquent qu’en 1128, Hugues de Payens se dirigea vers l’Angleterre en compagnie de deux chevaliers et de deux clercs, et qu’ils parcoururent le pays jusqu’en Ecosse où David 1er roi d’Ecosse, accorda à Hugues de Payns et ses chevaliers les terres de Balantrodoch, par le Firth of Forth, renommé depuis Temple près du site de Rosslyn. Toutefois, ce fait, mentionné par plusieurs chroniques anglaises, pose un problème qui ne peut pratiquement pas être élucidé. Le voyage du Maître a été relativement court. En janvier 1129, il était de retour à Troyes.

Johannes de Fordun, dans ses "chronica gentis scotorum" nous dit que "le roi David s'en remit lui-même au conseil d'hommes religieux de toutes sortes et s'entourant lui-même de frères très honorables de l'illustre chevalerie du temple de Jérusalem en fit les gardiens de sa foi de jour comme de nuit".

La fondation de la commanderie de Troyes date de 1129, suite à des donations de Raoul le Gras dit Crassus ou Poderosus. Il donne au Temple une terre aux portes de la ville, une grange, la terre de Preize, des vignes, prés et tous les animaux s'y trouvant le jour de son décès. XXII [c. janvier 1129.] Copie de 1143 dans une charte de Haton, évêque de Troyes : Paris, Arch. Nat. S 4968, n°11 (Coulours, 21ème liasse, n° 1). « Radulfus Crassus et uxor sua, Helena, unam domum quam Grangiam vocamus, ante Trecas, et terram de Praeria a via que dicitur de Riveria ita in visum,et terram et prata et vineas et quicquid ibi adquisierit vel edificaverit, et omnes bestias. in morte ejus permanentes Xpisto et suis militibus sancte civitatis, post mortem suam vel mutationem vite, jure hereditario dant et concedunt. Hoc autem fuit factum in eadem Grangia, in presentia magistri Hugonis et fratum Godefridi, Pagani. Radulfi, Johannis ; ex Trecensium veio latere, Bovo de Villemauro, Stephanus Li Manant. Evrardus Li Manant, Leobaldus et Engermus, filius Leobaldi, Fulco ; filius Martini, et multi alii. »

A l'occasion de la tenue du concile de Troyes le 13 janvier 1129. Il est attesté qu'Hugues y fonda immédiatement la première commanderie, mais on hésite à lui attribuer directement l'établissement de la Neuville-au-Temple-lez-Chalons en 1132 comme l'a affirmé Edouard de Barthélémy. Il est possible que les donations de 1132 faites aux Templiers de « la Novella-Villa » aient été encouragées par la tournée de propagande d'Hugues de Payns, mais aucune des chartes conservées ne le mentionne. La Neuville-lez-Chalons est certainement la deuxième commanderie créée après celle de Troyes.

En Champagne, la commanderie de La Neuville-au-Temple-lez-Chalons, située à neuf kilomètres au nord-est de Châlons-en-Champagne, passe pour avoir été la plus importante maison du Temple et fut fondée par l’évêque de Chalons, Herbert, avant 1132. À cette date, un acte confirme les donations qui la constituèrent, alors que l’évêque est déjà décédé. L’identité du donateur de la terre sur laquelle furent élevés les bâtiments n’est pas connue. Peut-être s’agit-il de l’évêque lui-même qui, dès la constitution du domaine, exempta de dîme les frères du Temple. Au début des années 1130, ces derniers possédaient des droits et coutumes à La Neuville, La Veuve, Recy, Saint-Memmie et Cernon. Ils possédaient un moulin à Coupetz et de nombreuses terres à La Neuville et aux environs, terres situées dans le comté de Châlons en Champagne.

Cette commanderie est l’une des plus anciennes et des plus importantes de Champagne. Jean le Roux, cité dès 1132-1142, en fut certainement le premier commandeur. Il est à rappeler également que jusqu’en 1126, date de sa mort, l’évêque de Châlons était Ebles de Roucy, frère de Hugues « brito », par ailleurs comte de Châlons. Ce dernier aurait très bien pu entamer les pourparlers avec son frère à son retour de terre sainte.

Petit rappel chronologique : Philippe de Champagne ou de Blois, frère de Hugues Ier de Champagne fut évêque de Châlons de 1093 à 1100. De 1122-1126 : Ebles (Ebal) de Roucy († 21 juin 1126). De 1127-1130 : Erlebert († 14 août 1130), Aubry ou Albéric de Reims, élu mais non confirmé par le pape, enfin en 1131-1142 : Geoffroy Ier

En 1130, Hugues Ier, dit Cholet († 1160), de la maison de Montdidiercomte de Roucy de 1103 à 1160, fils d'Ebles II, comte de Roucy, seigneur de Nizy-le-Comte et de Sevigny, et de Sibylle de Hauteville, donne aux Templiers la ferme de Thony, située sur la commune de Pontavert. Appelée ferme du temple, elle marquait une étape sur la route de Reims à Arras et permettait la protection des grandes voies contribuant au développement du commerce de Pontavert (Pontavaire) autrefois appelé Thosny-Pontavert. Hugues 1er de Roucy est neveu de André de Ramerupt et cousin de Hugues « brito ».

Geoffroy 1er, évêque de Châlons (1131-1143), donne aux frères de La Neuville-au-Temple tous les foulons à draps de la ville de Châlons (1134). Parchemin, 283 x 247 mm (repli : 13 mm) Arch. dép. Marne, 53H50, n°1

Foulques d’Anjou, lors de son pèlerinage en 1119 ou 1120, est devenu attaché à l’Ordre des Templiers (Orderic Vitalis). Il est revenu en fin 1121, après quoi il a commencé à subventionner les Templiers par le maintien de deux chevaliers en terre Sainte pendant un an.

En 1127, il reçoit une ambassade du roi Baudoin II de Jérusalem, composé du connétable Guillaume de Bures et du seigneur de Beyrouth Guy Brisebarre, qui voulait sauvegarder l’héritage de sa fille Mélisende par son mariage à un puissant seigneur. Sur les recommandations du roi de France, Louis VI, le choix se porta sur Foulques d'Anjou, l'un des plus puissants barons du royaume.

En présence de Hugues de Payns, maître de l’ordre du Temple, et d’autres, Foulque, comte d’Anjou, confirme la donation qu’il avait faite avant son premier pèlerinage à Jérusalem, à renaud et Geoffroi, prêtres, de biens situés entre Cormery et Azay-sur-Cher. Geoffroi, fils de Foulque, confirme cette donation à l’occasion du second départ de son père pour Jérusalem.id8 N°VIII

Abbaye de Marmoutier, juin 1128. Ratification de l’accord conclu le 21 mai, au Mans, sur l’intervention de Hugues de Payns, maître de l’Ordre du Temple, entre l’abbé et les religieux de Marmoutier, et Hugues, comte d’Amboise. ID12 N°XII.

A l’ascension 1129, Hugues de Payens se trouvait au Mans, lors des préparatifs de départ du comte d’Anjou pour la terre sainte. Hugues regagna la Palestine en passant par la Vallée du Rhône, en compagnie de plusieurs frères. Il s’arrêta dans la future ville pontificale d’Avignon où il reçut, en l’église Saint Jean-Baptiste, une donation de Laugier et de son chapitre.

Selon Guillaume de Tyr, le roi Baudoin avait envoyé Hugues de Payns en France "por requerre aide et secors à la terre d'outre-mer, tant qu’il peussent assoir (assiéger) cela cité de Damas" Hugues ramena un assez grand nombre de chevaliers et de fantassins, mais sans avoir pu entraîner aucun baron.

Foulques aborde à Saint-Jean d’Acre au milieu du printemps et épouse Mélisende de Jérusalem le 2 juin 1129. La première intervention de Foulques en tant qu’héritier du royaume est d’assister son beau-père qui tente de conquérir Damas. Avec Baudoin II, Hugues de Payns et ses nouvelles recrues, se joignirent les princes de Syrie : Foulques d'Anjou comte d'Acre et de Tyr, Pons comte de Tripoli, Bohémond II prince d'Antioche, Jocelyn de Courtenay comte d'Edesse. D'après Guillaume de Tyr, ils avaient en tout 2000 cavaliers et un nombre indéterminé de fantassins. Après le siège de la ville, Baudoin renonce le 5 décembre 1129.

Quand Hugues de Payns rentre en Palestine, il laisse à son compagnon Payen de Montdidier, connu aussi sous le nom de Nivard, la charge des aumônes. Durant les dix années qui suivirent l'approbation de la règle, on retrouve les mêmes noms, instruments actifs de la propagande. Il s'agit de Payen de Montdidier, Guillaume le faucon (chargé de la Champagne) et de Guillaume de Baudemont pour la Bourgogne et qui fut à l'origine de l'entrée dans l'Ordre de Guy de Til-le-Chatel qui sera suivi en Palestine de son ami Guy de Bures qui, en 1133, abandonna sa terre aux pauvres chevaliers de la milice du Temple de Salomon qui deviendra le siège de la commanderie majeure de Bure-les-Templiers.

L'ordre du Temple fut accueilli au Portugal l'année même où il reçut sa Règle, comme nous l'apprend une charte de la reine Thérèse. Le 19 mars, elle donna aux chevaliers du Temple de Salomon, la forteresse de Source, sur le territoire de Coïmbra. L'acte fut passé entre les mains de Raymond-Bernard qui serait, croit-on, d'origine catalane étant donné que son nom est mentionné de nombreuses fois dans les documents de cette région. Cependant, cette charte ne signifie aucunement l'entrée et l'installation de l'Ordre dans le royaume du Portugal. Les premiers chevaliers n'ont pas eu, semble-t-il, un recrutement important dans cette partie de la péninsule Ibérique, tout au moins au début. Cela, bien que dans l'acte du 14 mars 1129 une mention veuille faire de Don Alfonso Henriques un chevalier du Temple. Les donations d'aumônes continuèrent néanmoins. Au Portugal, on trouve effectivement trace de l'Ordre entre 1138 et 1140.

Le 28 novembre 1129, Pierre bernard et sa femme se donnèrent, avec leur "honneur" au Temple de Douzens, entre les mains d'Hugues Rigault et Raymond Bernard, tous deux chevaliers du Temple. Il est logique de penser que par cette entremise les Templiers s'infiltrèrent en Espagne, par l'Aragon. En effet, il s'avère que l'Aragon et la Catalogne accueillirent le Temple dès le 17 décembre 1129 à travers le diocèse d'Huesca. Les donations se poursuivirent et le roi encouragea lui-même ses seigneurs à recevoir favorablement les pauvres chevaliers du Christ, afin de dresser, face à la montée des Maures, une véritable frontière aux limites de la Castille.

Durant l’été 1130, le Templier provençal Hug Rigau, envoyé en mission par le fondateur Hugues de Payns, traverse le Roussillon où il recrute Père Bernat de Perpignan. Les deux se rendent ensuite à Barcelonne, où ils recueillent l’adhésion à l’Ordre du comte de Barcelonne, Ramon Berenger III. Le 14 juillet 1130, Raimond-Bérenger donna, entre les mains d'Hugues Rigault, le château-forteresse de Granena et celui de Barbera. Arch.Cor.Arag. Cartulaire 409.fol.67. Cartulaire du Temple XXXIII. Il s’offrit également lui-même, pour chevalier « aux frères de Sainte Marie du Temple de Salomon ». Il promit de leur rendre obéissance et de vivre sans propre sous ; en sorte qu’il embrassa dès lors l’institution des Templiers. Il leur donna, du consentement de son fils ainé Raimond, un château sur la frontière des sarrasins, prononça ses vœux, et pria ses confrères de lui accorder après sa mort le même secours qu’ils donnaient à leurs autres frères. Cet acte est souscrit, comme le testament précédent, par aimeri II, vicomte de Narbonne. Diag. Cond.de Barcel. ,I. 2, c, 115. Marten, coll. Ampliss. , t. I, p. 705. Et suivantes. Histoire de la maison de Fortia,originaire de catalogne, établie en France. Cette donation fut faite après le premier fait d'armes victorieux des chevaliers dans la péninsule. Sur les marches sarrasines de l'Aragon, la nouvelle milice montrait très tôt de quoi elle était capable. Laurent Dailliez - les templiers editions Perrin 1972.Marie Delclos,Jean-Luc Caradeau - l'ordre du templeeditions trajectoire 2005. 

Entre 1128 et 1129, Hugues maitre de l'ordre du temple est présent sur plusieurs chartes sur le territoire français. Le 29 janvier 1130, l'évêque d'Avignon, Laugier, donne l'église saint Jean-Baptiste à Hugues (Hugoni Paganis Vivariensi primo militiae Templi magistro) source: Carpentras, bibliothèque Inguimbertine, ms 515 p.679. Analyse du XVIIème siècle. La mention "vivariensi" contestée par certains auteurs, pourrait venir d'une mauvaise copie de "navariensi". Si comme je le pense Hugues de Payns est en fait Hugues « brito » comte de Châlons, celui-ci possède des terres concédées par le roi de Navarre. [ Il existe une hypothèse ardéchoise mentionnée par Michel des Chaliards avec Hugues de Payens, né en 1070 au château de Mahun, en Vivarais. Cette hypothèse se retrouve dans la Revue du Vivarais, tome LXXXVI n°2 de avril-juin 1982, qui cite en page 125, une référence à Hugues de Pagan, originaire du Vivarais, d’un château proche de Vérines, prieuré dépendant de celui de Macheville, selon le Père Odo de Gissey, histoire de N.D du Puy, 1644. La liaison est faite avec le château de Mahun, commune de ST-Symphorien-de-Mahun . Mention est faite de Aymon Ier, qui serait le grand-père de Hugues de Pagan. Différentes références à des armoieries sont ensuite données. (article de F.Malartre). Ainsi : Anno millesimo centesimo trigesimo, Hugo de Paganis, vivariensi, primo militae Templi magistro … Damien Carraz, dans son ouvrage « l’Ordre du Temple dans la basse vallée du Rhône (1124-1312), LyonP.U.L.,2005 page 87, a démontré que l’acte 30 du cartulaire du marquis d’Albon citant la présence d’Hugues de Payns, sous le nom d’Hugo de Paganis Vivariensi, à Avignon en 1129 était un faux du XVIIème siècle.]

1130 voit la mort du pape Honorius II. Une partie des cardinaux élit Gregorio Papareschi qui prend le nom d’Innocent II. Bernard de Clairvaux rédige l'éloge de la nouvelle milice (De laude novae militiae) et contribue activement à faire de l'Ordre du temple une milice de grand renom et d'importance. Dans son homélie (1130-1136), Bernard de Clairvaux présenta un portrait physique et surtout moral des Templiers, qui s’opposait à celui des chevaliers du siècle. "Ils se coupent les cheveux ras, sachant de par l’Apôtre que c’est une ignominie pour un homme de soigner sa coiffure. On ne les voit jamais peignés, rarement lavés, la barbe hirsute, puant la poussière, maculés par les harnais et par la chaleur...".

Les deux derniers actes nommant Hugues maître du temple, se sont fait sans la présence du grand maître. 1130-1131 à Noyon, un acte concernant une pension annuelle sur les prébendes de l'église Notre dame de la ville donnée aux frères du Temple devant l'évêque de Chartres, Bernard de Clairvaux, Gui de Trois-Fontaines, Nivard, autre nom de Payen de Montdidier, chevalier du Temple envoyé par Hugues, Maître de la milice du temple. "Nivardi cognomine pagani de Montisdesiderio, miles Templi devotus, cui Hugo magister militem Templi curam rerum tunc tempore comiserat" source : Beauvais, archivesdépartementales G 1984, fol 69.

1133-34, l'évêque de Soissons, Jocelin fait donnation à l'Ordre, la présence d'Hugues n'y est pas mentionnée, il y est juste nommé "Hugoni, magistro Iherosolimitani Templi" source : Cartulaire d'Albon n°59 A.N. S 4952, n°44.

Entre 1130 et 1134, Hugues maître de l'ordre du Temple ne semble donc plus présent en France.

Un fait marquant durant cette période : les testaments de Raimond-Bérenger III, le 8 juillet 1131, et d'Alfonso le Batailleur, en octobre de la même année. Si le premier ne donne à l'Ordre que son cheval et son armure, il n'en est pas de même du second. Aux trois Ordres du Saint-Sépulcre, de l'Hôpital des pauvres de Jérusalem et du Temple de Salomon, il concède tout son royaume. Il écrit "Après ma mort je fais héritier et successeur le sépulcre du Seigneur qui est à Jérusalem et ceux qui veillent et le gardent et servent en ce lieu Dieu ; et l'Hôpital des pauvres qui est à Jérusalem, et le Temple du Seigneur avec les chevaliers qui veillent là-bas à la défense du nom de la chrétienté. A ces trois je concède tout mon royaume[...] En plus à la chevalerie du Temple je donne mon cheval et mes armes" Le roi confirmera ce testament le 4 septembre 1134. Les historiens ont longuement épilogué sur ce don et sur les motivations d'Alphonse le batailleur...

En effet, l'Ordre du Temple est une institution jeune, il n'a que onze ans lorsque ce testament est formulé pour la première fois, il n'est reconnu officiellement par l'Eglise que depuis deux ans. On se souvient même qu'à son retour en terre sainte Hugues de Payns, n'a pas recruter de Barons qui lui auraient servi d'appui. Or, nous avons vu plus haut, qu’Alphonse le Batailleur est le cousin de Hugues "brito" comte de Châlons.  Cette donation d’octobre 1131 a été faite au siège de Bayonne, or nous avons vu, précédemment qu’Alphonse I y était accompagné d’Olivier, frère de Hugues de Châlons, de même qu’à Fraga en 1133 lorsqu’il concède un maure de Beire, avec sa tenure, à Fortunio Enecones, qui le cède à son tour à l’Ordre du Temple, Hugues et Olivier sont tous deux présents. Cartulaire du temple.  

Entre 1130 et 1134, après la tournée européenne de Hugues de Payens, Hugues « brito » (Huas de Xalon) est présent en Espagne aux côtés de Centulle V, fils de Gaston IV de Béarn, premier maître de l’ordre du Saint Sauveur, ordre similaire à celui des Templiers. Son fils Andrés deviendra grand maître de la milice de Puilampa.

A partir de 1130, le comte Hugues de Châlons, accompagné de son fils André, combattit sous la bannière du roi Alphonse 1er le Batailleur et souscrivit neuf actes. Il y est appelé Huas de Xaalon, sans titre. En 1132, Alphonse permet à son fils André de repeupler avec des habitants d'Uncastillo, Puio Lampado ou Puilampa, situé près de Sadaba, au nord d'Uncastillo (l'ancien fief de Rotrou puis de Gaston) ainsi que l'honor de Buscalapoyo. Andree filio comitis Hugonis. CDAIP,n°270[10/1133]. André de don Huas: CDAL, n°264 [1133]. Après la terrible défaite de Fraga du 17 juillet 1134, il n'est plus attesté nulle part. Orig, jadisscellé Paris, Arch. Nat.. S 4g6S. n° n (Coulours, i" n° de la 31e liasse).

 

En 1135 (mai), au Concile de Pise, le pape Innocent II présente à l’assemblée le nouvel ordre et donne aux Templiers une liste des fêtes et jeûnes à observer. Il est concevable que Hugues de Payns, grand maître du Temple y soit présent.

Hugues de Payens, premier grand maître de l'Ordre du temple, meurt en 1136.

Conclusion : les premiers donateurs à l'Ordre du Temple ont pour la plupart un lien de parenté étroit avec Hugues "brito" comte de Châlons, fils de André de Ramerupt. Parmi eux, Barthélemy de Jur et Alphonse le Batailleur, ses cousins ; les évêques de Châlons, Herbert et Geoffroy, successeurs de son frère Ebles de Châlons. Les autres donations émanant également de familiers des premiers Templier : Hugues de Champagne, Godefroi de Saint-Omer et Payen de Montdidier.

C'est Lavirotte qui constatait le rôle considérable que joua la région Bourguignonne et Champenoise dans l'histoire du Temple : lors du procès intenté à l'Ordre, sur 253 Templiers qui furent cités, 149 venaient des maisons de Bourgognes et de Champagne, qui auraient donc fourni plus de la moitié des effectifs du Temple en France. Trois des premiers maîtres de l'Ordre : Hugues de Payns, André de Montbard, Guillaume de Baudement, en étaient originaires. Willelmo de Baudemento, tunc Templi magistro, Pagano quoque de Bures. Vers 1130, le chevalier Guy Cornelly de Tilchâtel décida de partir pour Jérusalem ibique in Templo domini in Dei servitio usque in finem vite suam militiam exerceret. D'Albon, cartulaire général, I, pp. 44, 380. On notera que ces actes citent le temple sous la forme "Templum Domini "qui convient en réalité à la congrégation des chanoines établis dans le Temple de Jérusalem.

Dès l'obtention de la règle du Temple au concile de Troyes en 1129 et l'officialisation de leur Ordre, Hugues de Payns envoie ses premiers compagnons dans plusieurs provinces de France, d'Espagne et du Portugal. Ainsi, Robert de Craon, dit le Bourguignon, surnommé Roral, d'origine angevine après avoir quitté l'occident suite à la mort de son épouse (1125 ou 1130) rentre en France en 1132 portant le titre de sénéchal du Temple, ce qui permet d'attester qu'une hiérarchie était déjà en place dès les débuts de l'Ordre. On remarque que le sénéchal était un titre qui fut ensuite réservé au Temple d'Orient : on pourrait en déduire qu'alors l'Ordre n'était pas assez implanté en Occident pour distinguer les hiérarchies. Il retournera en Orient à la mort de Hugues de Payns en 1136 et sera nommé Grand maître du Temple.

Archambaud de Saint-Amand, présent au concile de Troyes, ainsi que les donations faites par les membres de sa famille sont à l’origine des biens et de la fondation de la milice du temple avec 30 autres chevaliers laïcs de la milicia-christi-evangelica. De cette milice, faisaient également partie Hugues Peccator, chanoine de Saint-Victor de Marseille, chanoine du Saint-Sépulcre, mais également Guillaume dit de Poitiers des vicomtes de marseille et de Nice. Odon de Saint-Aman, maître du Temple, est issu de cette famille provençale. Ces possessions ont pour origine des milites christi fondés par les rois d’Aragon-Catalogne, comtes de Provence ; en Béarn, celle du Bel-Chit, et en Aragon celles de Monréal. Ces milities christi formeront les cadres de recrutement en Provence-Languedoc de la future milice du Temple. Lors du concile de troyes ils deviendront membre de l’ordre du Temple, en même temps que Raymond-Beranger III, comte de Barcelone, devenu templier en 1130. C’est de ces milices de monreal et bel-chit qu’est issu le chevalier Guillaume dit de poitiers, à l’origine, avec Eudes Saint-Aman, de la fondation de l’ordre avec d’autres seigneurs provençaux, aragonais, catalans et languedociens.

Hugues Rigaud assiste au concile avant d'agir en tant que visiteur puis procureur du Temple dans sa provence natale. Payen de Montdidier, suite au concile, Hugues lui demande de gérer toute la région Nord de la France en qualité de Précepteur de France. Bernard Rolland est désigné pour faire connaître l'Ordre dans le sud de la France et fonde une des plus grandes commanderies à Richerenches. Geoffroy de Bossoit ancien homme de Baudoin IV, comte du Hainaut. André de Montbard, oncle de Bernard de Clairvaux, quant à lui part en terre sainte et devient conseiller de la reine Mélissende. D'abord sénéchal de l'Ordre il en sera le 5ème Maître. Les Templiers sont donc peu nombreux et hors de terre sainte, mis à part André de Montbard qui semble prendre la place de Robert de Craon auprès du roi Foulques et de sa femme Mélissende. Hugues de Payns, lui-même, n'est pas attesté en terre sainte. Est-il en Espagne auprès de ses cousins Alphonse 1er et Rotrou du Perche ? Toujours est-il, Hugues de Châlons obtient plusieurs donations de la part d’Alphonse I mais celles-ci n’ont pas le caractère d'un honor, contrairement à celles accordées à Gaston de Béarn, Rotrou du Perche et les barons qui l’accompagne. Pourquoi Hugues de Châlons ne semble pas, véritablement, possesseur de ces biens ? Sans doute les reçoit-il pour le compte de l’Ordre du Temple. 

 

Les descendants de Hugues de Payns

 

Au regard des éléments précédents, Hugues de Châlons dit « brito » fils de André de Ramerupt semble être également Hugues de Payns (Hugo de Paenciis) chef de la milice de Troyes avant de devenir le premier maître de l’Ordre du Temple. De sa première épouse il eut un fils André (Andres de Don Huas) commandant, en 1132, de la Milice de Puilampa. De sa seconde épouse, Elisabeth de Chappes il a au moins eu un fils : Thibaud (Teobaldus de Pahens) abbé de Sainte-Colombe en 1139. Depuis sa nomination officielle en 1129 au rang de premier maître du Temple, Hugues de Payns ne paraît plus sous ce titre mais sous celui de maître (magistri Hugonis). Il quitte donc sa fonction de seigneur de la milice (Hugo dominus de Paenz), son successeur étant, de toute évidence, Guy de Payns, surnommé Bordel (Guido de Peantio) qui apparaît en 1131 dans le cartulaire de l’abbaye de Toussaint-en-isle, près de Châlons, où il témoigne dans un litige en faveur de l’un de ses chevaliers, Hugues de Plancy, sous l’arbitrage de l’évêque de Troyes Hatton, proche de Thibaud Payens, et l’abbé Bernard de Clairvaux. Nous voyons ici que Guy est à la tête de plusieurs chevaliers, fait confirmé dans une charte de 1143 sur laquelle il est nommé commandant militaire (magister militum). L’acte se passe aux portes de Châlons dans la ville de Hugues de Payns. Son titre Peantio est proche de Paenciis que porte Hugues. Guy Bordel n’apparaît que 4 fois dans les chartes avec le surnom Payns : Penniaco Peanno Penn et 1 fois Guy Bordel de Payens (Guido Bordellus de Paenz) et à chaque fois, sans équivoque possible, les chartes sont en rapport avec la ville de Payns. Mais sa première dénomination Peantio, qui diffère dans l’orthographe le situe à la tête d’une troupe de chevaliers, aux portes de Châlons-sur-Marne, loin des terres de Payns.

En 1138, Guy Bordel (Wido Bordele) se rend à l’abbaye de Montiéramey dans la suite du comte Thibaud II. Il y est accompagné de l’un de ses chevaliers, Raoul fils de Berengard, et de son prévôt Centorius. Parmi les témoins de cet acte figurent Hilduin de Vendeuvre (Ildunis) alors conseiller du comte Thibaud II, Gautier Fournier, Anseau de Trainel, Hugues de Plancy, Anseau de Chappes (Ansculfus) … En 1139, Bernard de Clairvaux fonde l’abbaye de Larrivour (la rivour) à quelques kilomètres au sud de Dosches, à la demande du comte Thibaud II et avec l’aide des familles Vendeuvres et Chappes. Clarembaud III de Chappes possède une partie des bois alentours. Deux de ses vassaux, Hilduin de Vendeuvre et Guy Bordel, l’accompagnent dans ses libéralités. L’acte de donation est conservé aux archives de l’Aube (4H37) et mentionne Clarembaud III qui, avec l’accord de sa femme Mathilde, donne aux moines de Larrivour une charruée de terre labourable dans le bois de Dosches tandis qu’il consent aux dons que font conjointement Hilduin et Guy Bordel. Il y a donc de fortes chances pour que ceci se passe en famille. Tous les témoins sont des familiers de la cour de Chappes : Albéric le Gras (albéricus Crassus), Gautier de Fresnoy, Milon son frère et Gaucher fils d’Ermenold.

En 1139, sur une charte aux côtés de Hugues de Roucy (Hugues dit Cholet) on trouve un Isembard, surnommé Bordellus. « Hugo etiam comes de Roceïo et frater venerabilis vidur Ermengardis, …Ifenbardus qui cognominatur Bordellus ». (source:Sacrae antiquitatis monumenta historica dogmatica diplomatica par Charles Louis Hugo).

Faisons un léger retour en arrière pour retrouver un autre membre de cette famille, qui pourrait être sensiblement le plus proche de Guy Bordel.

L'histoire "chrétienne" de Tudela, en Espagne, commence avec la Reconquête d'Alphonse 1er le Batailleur, roi d'Aragon et de Pampelune. Maître de Saragosse en 1118, le roi remonte le cours de l'Ebre et, toujours aidé de Gaston de Béarn et de Rotrou du Perche, prend Tudela entre 1119 et 1121. Dès 1121, le roi installa dans la ville des "Francos", ces francs-bourgeois venus pour la plupart du nord des Pyrénées. Rien ne donne à penser que les Normands de Rotrou soient arrivés avant le printemps 1123. C'est à ce moment qu'il est mentionné à Saragosse installant ses vassaux et que son nom est associé à l'honor de Tudela (cf Orderic Vitalis). C'est là une date tardive par rapport à celles que l'on voit citer habituellement et elle montre que Rotrou ne joua aucun rôle dans la conquête de la vallée de l'Ebre qui était alors pratiquement terminée. Néanmoins l'accueil d'Alphonse 1er fut pleinement satisfaisant : la concession de l'honor de Tudela ne peut être comparée qu'aux donations en faveur de Gaston de Béarn et elle s'accompagne d'autres concessions significatives au profit des barons de la suite de Rotrou. Nous rappellerons ici que Rotrou est cousin d'Alphonse 1er et de Hugues "brito" de Châlons.

Comme Oderic ne manque pas de le souligner, Rotrou vint en Espagne entouré de vassaux - commilitones -, mais aussi de compagnons et de gens de son pays - sociis et comprovincialibus - qui espéraient sans doute tirer profit des bénéfices et domaines offerts par le monarque aragonais. Il est très difficile de reconstruire cette mesnie normande car les sources sont peu explicites quant au tissu des relations vassaliques. En 1128, le chapelain royal Iñigo concède une mosquée de Tudela à Roger de Sées et Guillaume Turold sous condition d'un cens annuel à l'église Santa Maria de cette ville. A leur côté figure un groupe compact de convicanei ou voisins, presque tous normands : Sarles, Raoul de Olee, Geoffrey d'Argentan, Seinfred de Scoci, l'anglais Herbran, Algrin de Succovia, Guillaume Bordel, Gautier de Lisieux, Jean d'Argentan et Martin de Sées. Tous ceux-ci ou partie d'entre eux peuvent être des membres de la mesnie de Rotrou. Un nom ne nous aura pas échappé : Guillaume Bordel. D'autre part, cette donation mentionne l'église Santa Maria la Mayor qui occupe un large quartier au centre de Tudela et fut construite sur l'emplacement de la mosquée après 1121. Son cloître est aménagé sur un terrain offert par un Franco, Estevan "de Bordel". On peut trouver également, dans le cimetière proche de l'église, la tombe de Pero semenez de Bordel. Sources : Larga stipendia et omptima praedia - Carlos Laliena Corbera, Tudela une ville de la vallée de l'Ebre, aux XIIIe-XIVe siècles - Béatrice Leroy.

Dès 1121, la famille de Bordel possède des biens à Tudela. En 1123, Hugues de Châlons est présent sur une charte de donation des dîmes par l'évêque Pierre de Saragosse, et signera une charte aux côtés de Rotrou du Perche, son cousin, en 1132. Il est dès lors plus que probable qu'il y côtoie Guillaume Bordel. Ainsi, organise-t-il le mariage de sa fille, que les généalogistes nomment Isabelle bien que rien ne conforte cette mention,  avec Guillaume ou l'un de ses fils Guy, prénom très proche sachant que le couple Guy-Isabelle aura un fils également prénommé Guy et qui deviendra commandeur de la commanderie de Bures-les-Templiers. Comme nous l'avons vu plus haut, Isabelle de Payns pourrait s'être marié dès 1124. Le comte Hugues de Champagne entre dans l'Ordre du Temple en 1125 et Hugues de Payns se trouve en France en 1126 pour sa tournée de recrutement. D'autre part, tous les historiens se rejoignent pour dire que les premiers templiers n'ont pas d'activités connues dans les années qui suivent le concile de Naplouse de 1120. Hugues de Payns et ses premiers compagnons ont très bien pu rentrer en France par l'Espagne avant les premières donations officielles inscrites au cartulaire du Temple.

 Isabelle serait donc la fille de Hugues de Payens et de Elisabeth de Chappes, qui, s’étant mariés vers 1108, leur fille fut, à son tour, en âge d’épouser Guy Bordel aux alentours de 1124, s’ils avaient un enfant, il ne serait présent sur les chartes qu’à sa majorité, soit vers 1149. Isembard et Girard Bordel ne sont donc pas les enfants du couple Isabel – Guy mais sans doute de proches parents.

Il faut toutefois dès cet instant éclaircir un point important. Guy Bordel a de toute évidence épousé la fille d’Hugues de Payns (« brito », seigneur de Châlons et Ramerupt). En 1146, Guy Bordel (Guido Bordellus) est cité dans un acte de donation au prieuré de Ramerupt comme possesseur de la dîme de cette localité.

Que les fils de André de Ramerupt possèdent des biens à Ramerupt est logique, ce qui peut intriguer est cette donation datée de 1146. Dans cet acte de Thibault II, Herbert (Herbertus Hermita de Paienz) fait une donation aux moines du prieuré de Ramerupt d'une part de la dîme du même lieu qu'il tenait du fief de Gui Bordel. Gui Bordel ou sa femme devait posséder des terres à Ramerupt qu’ils détenaient de Hugues de Payns, fils de André de Ramerupt. " Similiter ante preseniiam meam Herbertus Heremita de Paens dedit prefatis monachis de Rameruco hoc, quod babebat in decima de rameruco scilicet daas partes de tercia parte. Haboit eciam taie pactani monachis, quod novo modo terciam partem, qoe de eo tenebatar, dari vel veudi, uisi eis. Pepigit quoque predictis monachis, per manum meam se garantiam eis laturam de hac recontra omnes homines, et habuit decem et septem libras nummorum de caritate prefate ecclesie. Hoc autem laudament et cocesserunt Petrus de Blelliero et uxor ejus Margarita, de qua uxore movebat feodu illad, et Guido Bordellus de quo totum movebat." La femme de Guy Bordel n’est pas citée bien qu’elle le soit dans les chartes ayant trait à la ville de Payns. Il s’agit donc ici de biens, situés à Ramerupt, appartenant à la fille d’Hugues de Payns-Ramerupt, dont on ne connait pas officiellement le prénom et qui est de toute évidence décédée avant l’année 1146. 

Les enfants de Hugues de Payns possèdent donc des terres à Ramerupt, qu'ils ne peuvent détenir que de André le comte de Ramerupt. Or la lignée mâle de la première maison de Ramerupt s'éteignit en 1126 dans la personne d'Èbles, qui était devenu évêque de Châlons en 1122 et qui, en 1123, était comte de Ramerupt. Ses frères Hugues et Olivier étant partis rejoindre leur cousin Alphonse I roi d’Aragon, lors de la reconquête de l’Espagne, à sa mort, la seigneurie de Ramerupt perdit le titre de comté et fut momentanément réunie à celui de Brienne. Le comte de Brienne était alors Gautier II, neveu de l'évêque Èble de Châlons, et petit-fils du comte André de Ramerupt. Son père Érard Ier, de Brienne, était mort en 1125, au plus tard (1). Gautier II vivait encore en 1151 (2). En 1152 il était mort (3). Il avait confirmé, au prieuré de Ramerupt, le salage du lieu, la liberté et la justice de la foire de Notre-Dame de Septembre % et lui avait donné droit d'usage dans ses forêts. D'Adelise de Baudement, sa femme, il laissa Érard II, qui lui succéda au comté de Brienne, et André, tige de la seconde maison de Ramerupt.  1. Le premier cartul. de Montierender, fol. 106 v°, 107 r°, contient une charte de l'abbé Roger, mort en 1125, où il est question du décès d'Érard. 2. Il est témoin dans une charte de cette date, Ardi. de l'Aube, cart, de Larivour, De dono episcopi, II. 3. Son fils Airard ou Ërard II prend le titre de comte de Brienne à cette daté, Arch. de l'Aube, inventaire de Montier-la-Celle, fol. 45.

« Isabelle » et Thibaud de Payns n’ayant pas de lien directe avec la famille de Brienne, ils ne peuvent, dès lors, n’être que les enfants de Hugues « brito » comte de Châlons et de Ramerupt et petits enfants de André, comte de Ramerupt.

A la mort de sa première épouse, Guy Bordel se remarie, vers 1140, avec Elisabeth (ou Isabelle) de Saint-Sépulcre, fille de Zacharie de Saint-Sépulcre et Emeline de Chappes, dame de Dosches. (Zacharie est fils de Beuves de Frolois, Emeline fille de Clarembaud II de Chappes. A la mort de Zacharie en 1130, Emeline épouse Hugues de Romilly qui devient seigneur de Saint-Sépulcre). De part ce mariage, Guy Bordel devient seigneur de Payns, village-péage situé de l’autre côté du pont de Saint-Sépulcre.

1140 sur une charte de Hatton évêque de Troyes concernant une donation sur la ville de Dosches, on retrouve Hilduin de Vendeuvre (hilduinus de vendopera) et Girard Bordel (Girardus Bordellus) ainsi que Guy Bordel et sa femme Isabelle. « Guido Bordellus, & uxor ejus Ifabel de cujus capite erat laudaverunt praefcriptum donum de forefla : teftes de laude Guidonis comes Theobaldus, Hilduinus de Vendopera ; teftes de laude Ifabel Herbenus heremita de Payenz, Garnerus, Gebuinus vicecomes de Payenz, Godefridus de Buiffi dedit eis quidquid habebat in acquis, & in patris fubtus fontem Aerici… »

En 1140, sur une charte de Girard, abbé de Saint Loup, en présence de Bernard de Clairvaux (dominus bernardus abbas Clarevallis), on retrouve Girardus Bordellus et Gui Bordel accompagné de sa femme Isabelle (Guido Bordellus et uxor ejus Isabel). Si l'on n'a pas de lien de parenté reliant Girard et Gui, on peut néanmoins penser qu'ils appartiennent à la même famille. Girard Bordellus semble, quant à lui, proche des familles Vendeuvre et Chappes (Clarembaud 2 de Chappes figure comme témoin - Hilduinus de Vendopera et Girardus Bordellus dederunt eifdem in eodem memore de Dofchia (Dosche) aliam carrucatum terrae...) source: gallia christiana - in provincias ecclesiasticas distributa .

On retrouve Guy Bordel (Widone Bordello) le 5 août 1141 à Pontigny dans une charte où il suit le comte Thibaud II de Champagne et devance Raoul, le chapelain du comte. Il a donc une place importante à la cour de Champagne. Isabel de Payns serait donc l’ainée de la famille et aurait transmise le titre d’Hugues de Payns, son père, à son époux.

Il est également présent dans le cartulaire du Temple, sur une charte pancarte de 1143, de l’évêque Hatton, qui récapitule les biens donnés aux Templiers. Il y figure en tant que Guido de Penniaco aux côtés de sa femme Isabelle, Herbert et Gibuin. « Guido de Penniaco dedit eisdem militibus terram Villa Nova, sicut magister militum disposuit atque metatus est ; concessit etiam eis decem arpennos prati in burgo Penniaci, vel in Longo Monte ; concessit etiam eis quicquid ex casamentis suis, futuro tempore. dabitur eis, salvo jure servitii sui, laudate (sic) hoc totum uxor (sic) ejus Elisabeth. Cujus rei testes sunt : Odo, Gualo, Herbertus, Roscelinus, Gibuinus, Garnerus, Bonellus. » « Eodem tempore, Odo, Gosleni filius, dedit eisdem militibus et concessit quod domus corum. que est Villa Nova, non daret molturam in molendinis Espinceii, aliquo in tempore. Concessit etiam eis décimas molendinorum et pisces et domum suam que fuerat domini Zacharie. Cujus rei testes sunt : Paganiis de Disderio Monte, Herbertus heremita et Osmundus, in quorum presentia. Odo precepit ut hoc donum scriberetur, et hoc laudante Emelina, uxore sua. » « Gundesmuz uxor Gualteri Garnli, dedit Deo et militibus Templi pascue partem, inter Penniacum et Saverias, aquis circumdatam, teste Hugone Sellario et Barth(olomeo), fratre suo. » Dans cette charte, il gratifie la toute nouvelle maison du temple de Payns d’une terre située au lieu-dit « longo-monte ».

Guy Bordel participe à la croisade de 1147. Il y trouvera la mort. En 1148, Isabelle de Saint-Sépulcre épouse Hilduin de Vendeuvre dont elle aura un fils, Laurent de Vendeuvre.

Deux derniers documents mentionnent encore Guy Bordel. Le premier date de 1163, il s’agit d’une charte récapitulative de l’évêque de Troyes Henri qui rappelle qu’à une date inconnue Guy de Payns (Guido de Peanno) avait fait don de ses pâturages des Epoisses au prieuré de Saint-Sépulcre avec l’approbation d’Erard II de Brienne. Les Epoisses étaient un domaine forestier sur le finage de Vendeuvre dont le suzerain était Erard de Brienne. Le second document date de 1194 mais qui énumère des faits survenus bien avant. On y trouve la liste des dîmes appartenants à l’abbaye du Paraclet sous le sceau de l’évêque Garnier de Troyes. Elle précise que Guy de Payns (Guido de Penn), partant pour Jérusalem, approuverait d’avance tout ce que l’abbaye pourrait acquérir de son fief, et qu’il reçut des moniales cent sous tandis que sa femme Isabelle recevait deux bœufs et une vache. Ce texte nous apprend également que Guy Bordel était suzerain de Thibaud de Marigny en ce qui concerne la dîme de ce village.Thierry Leroy.

Sur 13 documents, Guy est mentionné 4 fois Guy de Payens, 8 fois Guy Bordel et 1 fois Guy Bordel de Payens. Il disposait en plus de ses fiefs à Payns, des fiefs à Marigny, Ramerupt, Vendeuvre et Dosches.

 

 

Les alliances de la famille Payns.

 

1163, charte-pancarte de l’évêque Henri rappelle que Guy de Payns avait fait une donation de pâtures des Epoisses (in Espessario) au prieuré de Saint-Sépulcre (situé de l’autre côté de la rivière, face à Payns) avec l’approbation de Erard II de Brienne, à une date inconnu mais certainement lors de son départ à la croisade en 1147. Il est nommé Guy de Peanno. Erard II de Brienne est fils de Gautier comte de Brienne et seigneur de Ramerupt, et petit-fils de Erard I de Brienne et de Alix de Ramerupt, fille de André de Ramerupt.  Le domaine d’Epoisses se trouve sur le vinage de Vendeuvre, à 40 kms à l'ouest de Frolois. A la mort d'Isabelle de Payns, Guy Bordel épouse Elisabeth, fille de Zacharie de Saint-Sépulcre originaire de Frolois. Guy detient donc ces pâtures de sa seconde femme.

 

La famille de Saint-Sépulcre, établie à l’est de Payns, sur l’autre rive de la Seine, n’apparaît pas directement parmi les donateurs aux Templiers mentionnés par la charte pancarte de l’évêque Hatton mais un personnage y figure qui se rattache pourtant de très près à cette famille. Avant 1143, Eudes fils de Josselin exonère la maison du Temple de Payns du droit de mouture qu’elle devait antérieurement aux moulins d’Espincey, situés sur le territoire de Savières, non loin de Payns. Eudes en profite pour donner également aux frères du Temple, avec l’assentiment de son épouse Emeline, les dîmes des dits moulins, le droit de pêche dans leurs fiefs ainsi que leur maison dont il précise qu’elle fut celle du seigneur Zacharie, qui ne pouvait être que le seigneur de Saint-Sépulcre, voisin immédiat de la seigneurie de Payns surtout père d’Isabelle la rousse, seconde épouse de Guy Bordel de Payns. Or au moment de la rédaction du document, le dit Eudes possédait l’ancienne maison de Zacharie, ce qui montre clairement que ce dernier était mort avant 1143. Thierry Leroy.

Zacharie de Saint-Sépulcre, fils de Beuve de Frolois, épouse vers 1124, Emmeline de Vignory, fille de Guy IV de VIGNORY, seigneur de Vignory et d’Adelaïde, dont il aura une fille, Elisabeth de Saint-Sépulcre, dame de Dosches (1128-1179) ,mariée vers 1142 avec Guy Bordel, qui avait hérité du domaine de Payns de sa première femme Isabelle, fille de Hugues de Payns.

Emeline de Vignory, dame de Dosches, à la mort de Zacharie se remarie vers 1132 avec Eudes de Romilly, seigneur de Romilly-sur-Seine. Elle aura une fille comtesse qui épousera Gautier II de Montigny, fils de Geoffroy de Montigny-les-lagesses, comme nous l’apprend une charte de 1147. Généanet.  Emeline de Vignory est la tante de Guy de til-le-chatel, templier, par sa soeur Beatrice, épouse de Guillaume de til-le-chatel. 

 

En 1147, Eudes fils de Josselin part en croisade avec Guy Bordel et Thibaud de Payns, abbé de Sainte-Colombe, probablement dans l’Ost d’Henri, fils du comte Thibaud II. A cette occasion et pour financer son voyage, Eudes cède ses moulins d’Espincey aux moines du prieuré de Saint-Sépulcre contre quarante livres d’écu. Eudes est cité parmi les témoins des donations faites à l’abbaye de Larrivour et confirmé dans une charte de l’évêque Hatton de Troyes. Il était déjà apparu dans une donation de Herbert l’Hermite de Payns au prieuré de Ramerupt. Or à chaque fois qu’est cité Eudes, il côtoie des membres de la famille Payns, ce qui montre qu’il appartient au même clan.

 

Face à la fabuleuse expansion de l'Ordre du Temple en 3 ans, de 1127 à 1130, demeure une question qui reste à notre sens le principal mystère de l'histoire des Templiers : qu'ont-ils fait durant 10 ans (de 1118 à 1127), et qu'est-ce qui a provoqué le "déclic" de 1127 ?